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La vengeance est un plat qui se digère mal
Franck Lombard est un homme qui gère un magasin de disque en cette fin de règne giscardienne (1977). Il a une femme et une petite fille qu'il aime. Mais un jour, tout vole en éclats quand Yannick, un drogué, braque une boulangerie du quartier de Belleville et, en fuyant, pousse sa petite fille qui tombe mal et meurt. Seul indice, un tatouage que porterait le meurtrier. Depuis, le couple se désagrège et Franck est obsédé par l'idée de faire payer l'assassin de sa fille. Il passe son temps au commissariat pour obtenir des informations mais l'enquête est difficile (et il pense également que les policiers ne s'occupent guère de son cas). Il commence alors à s'énerver et décide de retourner sur les lieux où sa fille est morte. Là, il est agressé par des dealers qui commencent à se répandre dans le quartier et ennuient les gens pour se faire une place. Franck s'énerve encore plus et frappe les dealers, les forçant à donner quelques informations sur le drogué et son tatouage. Ce dernier aurait fui dans le sud avec une fille pour entamer une cure de désintoxication. Commence alors une partie de cache-cache qui va l'entraîner loin. Par-delà les océans.
Michaël Mention est un auteur de polars qui sait faire mouche et qui s'était fait discret ces derniers temps. Avec Les Gentils, il prouve qu'il n'a rien perdu de son acuité et de son regard noir. S'appuyant sur un début qui sonne très convenu (un homme cherche à se venger de l'assassin de sa fille), le texte (outre une évocation du Paris, puis du monde contemporain de l'époque) glisse vers d'autres événements aussi angoissants et inquiétants. Mais la folie de Franck, sa démesure, son refus même d'accepter la réalité le poussent à continuer, à se trouver dans des situations de plus en plus étranges, mais de manière réaliste et logique, pour balayer la période (révolutionnaires, attentats, trafics divers, vie des derniers indigènes, sectes) dans une intrigue très rythmée et qui ne laisse jamais le lecteur (ni le personnage) en répit. Ponctué par une bande musicale de l'époque, Les Gentils est une excellente variation sur le thème de l'enfant perdu, de la mort d'un proche et de la façon dont on ne s'en accommode pas.
Citation
Le gendarme desserre ses doigts, libérant mes papiers. Je les remets dans la boite à gants, il tape sur le toit - comme on claque le cul d'un cheval - et je repars. Toujours tendu, une heure après.