Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
314 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-36413-194-1
Coll. "Vents noirs"
L'art peut rapporter, brother
Ce que tentait ce premier ouvrage publié en 2019 aux nouvelles éditions Vents d'ailleurs dans leur collection "Vents noirs", c'était de choisir un angle particulier qui donnerait une identité forte. Avec Bob Passion, la collection essayait de prime abord de mélanger noir, personnages rock punks et écriture littéraire.
Le Cavalier hilare du titre fait référence à une statue, une œuvre monumentale posée au milieu de nulle part, dans le désert des confins de l'ancien empire russe, dans ses marges du Sud. Au pied de cette statue, il y a un garagiste perdu, une station service qui sert surtout de point de relais pour des transits de divers trafics internes ou internationaux. Mais alors pourquoi le vieux Jacques, ancien soldat de toutes les causes perdues (il commença sa carrière dans l'armée allemande envahissant la Russie dans les années 1940 avant d'être de toutes les défaites et retraites de l'armée française, au fil de la décolonisation), a-t-il l'air de se souvenir par moments de cette statue perdue ? C'est la question que se posent ses voisins, des jeunes qui vivent de petits trafics dans un immeuble un peu délabré de Marseille, dont Jacques s'est improvisé le gardien et qu'il surveille, arme au poing. Pour le lecteur, la réponse est facile car le premier tiers du livre a raconté Jacques à Stalingrad et sa fuite. S'il a construit cette statue c'est pour avoir un point de repère dans le désert. Sous la statue, il y a de l'or beaucoup d'or, celle qu'il a récupéré d'un convoi allemand bombardé. À présent, avec ses nouveaux associés, entre deux petits fumettes, les anarcho-branleurs vont aller voir si les lingots sont toujours là, y compris en faisant alliance avec les fumeurs locaux.
Entre un début qui rappelle, de loin, un vieux romab de Pierre Siniac (adapté de manière hachée au cinéma sous le titre Les Morfalous) et des passages qui font penser aux Pieds nickelés sous marijuana, Le Cavalier hilare présente effectivement un choix éditorial intéressant, même s'il s'éloigne des canons du genre. Ici, nous avons plus affaire à une intrigue un peu lâche, amusante et décomplexée, comprenant un trésor à récupérer, des petits trafiquants, des enjeux internationaux. Ce sont les personnages, hauts en couleur, qui emportent la conviction, comme ce put être le cas, il y a quelques années avec Pulp, un polar signé Charles Bukowski, qui réjouissait le lecteur sans se préoccuper trop des contraintes d'un genre. Bob Passion a délivré un roman réjouissant pour amateurs qui aiment faire un pas de côté.
Citation
En quelques secondes la nuit devint orange. Il entendit la voiture accélérer et quitter les lieux en vitesse et il fit de même avec sa moto. Les gars arrosaient au hasard, une balle traversa sa sacoche.