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Inédit
Tout public
Traduit de l'italien par Serge Quadruppani
Paris : Métailié, mars 2023
256 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 979-10-226-1246-3
Coll. "Noir - Bibliothèque italienne"
Dans la noirceur du fascisme
Italie, entre le 25 juillet et le 8 septembre 1943. Déjà en Europe la période n'est pas propice à la quiétude, mais c'est encore pire (si cela est possible) en Italie. En effet, à cette période, à l'intérieur du parti fasciste lui-même, des dissensions se font et une tentative de coup d'État se déroule contre Mussolini. Le roi reprend la main et nomme des fascistes non mussoliniens convaincus. Les deux camps vont se déchirer et si certains Italiens espèrent le retour à la normalité, d'autres ont peur des représailles. Au sein même de la police, c'est également le doute. L'inspecteur à la police criminelle de Bologne De Luca est un policier intègre et qui n'est pas spécialement fasciste, contrairement à l'un de ses adjoints. Mais son supérieur le "protège" avant tout parce qu'il s'agit d'un très bon policier. Une nouvelle enquête arrive pour lui sans qu'il le veuille. Alors qu'il arrête des trafiquants du marché noir, il découvre dans la maison d'à côté, par hasard, le corps d'un homme sans tête. Qui peut être ce mort ? Y a-t-il un rapport avec les trafiquants ? Les deux personnes arrêtées nient et évoquent qu'elles connaissent du beau monde. De Luca décide alors d'inspecter les alentours de l'entrepôt, et il ne tarde pas à découvrir un autre corps sans tête, un cadavre enterré mais déterré par des bêtes. L'affaire se complique d'autant qu'elle implique un haut gradé fasciste, et que beaucoup se taisent et ne veulent enquêter attendant de voir l'un des camps gagner la guerre civile. Et De Luca malgré sa volonté est poussé à choisir un camp.
L'inspecteur De Luca est le héros d'une série dont voici le quatrième titre. S'appuyant sur la période mussolinienne, il montre comment une enquête est aussi une façon de décrire l'atmosphère d'une époque et, ici encore plus, d'une période complexe. Le temps se prêtant aux méchantes gens, forcément elles commettent de méchantes actions. Surtout, il restitue avec soin l'époque, les doutes des personnages, les obligations de faire avec la politique même quand on veut l'éviter. On pense souvent à la lecture de ce roman à la phrase célèbre dite par Marcelle Mastroianni dans Une journée particulière, d'Ettore Scola : "Ce n'est pas le locataire du sixième qui est antifasciste. C'est plutôt le fascisme qui est anti-locataire du sixième." Péché mortel est un roman de forme classique, dans la lignée des romans de Philip Kerr, qui décrit avec soin à la fois une enquête intéressante, une période importante et des personnages qui ne sont pas des marionnettes mais bien de chair et de sang. Et c'est une sacrée bonne idée que de revoir De Luca sous la plume plaisante de Carlo Lucarelli.
Citation
Il avait toujours son pistolet, et même s'il n'était pas capable de presser la détente, parce qu'il ne sentait plus sa main, le seul geste de le brandir les arrêta tous, un instant, lui donnant le temps de se mettre à courir.