Contenu
Comment (et pourquoi) j'ai mangé mon amant
Grand format
Inédit
Tout public
La "vengeance" d'Emma
Madame Hélène Bellongé est une femme plutôt normale, avec un mari qui l'aime et des enfants qui ont grandi et mènent maintenant leur propre vie. Pour combler un peu le vide de sa vie, elle a une copine qui a toujours plein de choses à raconter et elle s'essaie aux cours d'italien pour meubler les soirées. Une vie sur des rails, toute tracée sans pentes ni montées, à attendre la retraite, les petits-enfants, mais une vie peut-être un peu ennuyeuse. Et si elle prenait un amant ? Et si ce dernier n'était pas aussi romantique et flamboyant que dans la vraie vie (pourtant on le savait déjà en lisant Madame Bovary !) ? Et si... la vie prenait un autre tournant ? Pour cela, il lui suffirait de se demander qui a bien pu poser des fleurs dans son bureau pendant l'une de ses pauses.
Tout le talent de Pascale Fonteneau réside dans ce lent début, qui ne semble jamais commencer réellement, où nous suivons le personnage dans ses actions peu captivantes, ses pensées où l'on voit bien qu'elle aimerait un peu de piment (dès le début, elle imagine comment son mari vient lui annoncer qu'il va la quitter). Se glissant dans son sujet, Pascale Fonteneau laisse passer le temps, ajoute des scènes qui se laissent lire avec plaisir, mais ne permettent pas d'avancer, comme pour montrer ce temps qui ne passe pas. Attention, soyons clair, il ne s'agit pas de remplir des pages ou d'ennuyer le lecteur, car l'auteure parvient, tout en racontant des méandres d'une histoire assez légère en terme d'événements, à nous intéresser, à nous faire apprécier les pages, les situations d'une vie modeste. À un moment, l'histoire pourrait s'accélérer avec la possibilité d'un amant. Mais comme dans les anciens films de Wim Wenders, Comment (et pourquoi) j'ai mangé mon amant joue sur la lenteur, sur le regard délicat porté aux choses et petits événements, sur ces petits riens du quotidien que vantait aussi Philippe Delerm tout au long de sa carrière. Un roman très fort, même s'il risque de ne pas plaire forcément aux amateurs forcenés d'actions virevoltantes, mais qui réjouira les amateurs de petite musique, servie avec un humour discret et agréable. Pascale Fonteneau est de retour à la littérature. Elle a pris son temps, mais qui s'en plaindra ?
Citation
Jacques avait changé de sujet trop vite pour que je puisse formuler que, contrairement à lui, ce qui m'inquiétait le plus, surtout depuis mon dernier anniversaire, c'était de voir ma vie se dérouler désormais sans changement, sans un plus jusqu'à la fin. Une vie comme un tapis roulant qui, inexorablement, me conduirait là où finit l'existence.