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La Femme en feu
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Sophie Guyon
Paris : Archipel, mars 2023
360 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-8098-4617-1
Coll. "Suspense"
Chic et choc
La femme en feu du titre ne fait pas référence à la sexualité débordante d'un personnage (quoique) ou à des incendies mortels, mais à un tableau peint par un artiste juif de l'art dégénéré. Le tableau représentait une femme allemande, maîtresse d'un riche homme d'affaire juif, dans l'Allemagne des années 1930. Le tableau a été caché chez un ami, galeriste français, puis confisqué par les nazis, entré dans les collections d'un spécialiste, puis récupéré par un autre nazi qui pouvait le faire chanter. À sa mort, le tableau n'a pas été retrouvé (ni un grand nombre d'autres qu'il cachait depuis la fin de la guerre - c'est là un faits divers réel). C'est la fille du galeriste français, une femme sans scrupules, qui a volé le vieil homme et l'a tué. Car pour elle, ce tableau est le bien de sa famille (et son père qu'elle vénérait en parlait souvent). Mais pour Ellis Baum, un richissime marchand de chaussures de luxe, ce tableau représente sa mère, assassinée par les nazis pour avoir couché avec un juif, et il veut le récupérer, surtout maintenant qu'il sait ses derniers jours proches. Il engage alors un vieil ami, un journaliste qui peut retrouver la piste dudit tableau. Ce dernier, qui vient de de voir débarquer une nouvelle adjointe, se lance sur la piste, alors que d'autres tableaux volés commencent à revenir à la surface dans des ventes privées illégales. Et il y a aussi le petit fils de Baum, peintre trompé par la petite-fille du galeriste, qui va tenter de les aider à découvrir où se cache ce tableau.
Le roman de Lisa Barr se déroule en chapitres alternés : d'un côté nous suivons les méchants qui tuent, volent, négocient toujours des plans diaboliques et cyniques (dont la cheffe serait interprétée par Sharon Stone dans une version cinéma à venir), et de l'autre les gentils qui pleurent leurs familles mortes en déportation, essaient de bien faire, luttent contre leur intoxication, ont même peut-être du mal à croire que les méchants peuvent être aussi méchants. Mais le roman épouse aussi une autre trame en multipliant des retours en arrière sur le parcours du tableau et de ses propriétaires durant la Deuxième Guerre mondiale. Chaque plan des uns pour piéger les autres est contrecarré par le piège des autres et ainsi de suite, dans une course-poursuite entre les États-Unis où tout finit et l'Europe où vivent les méchants dans de splendides bunkers à proximité de vignobles pour s'abreuver. Entre le chic des galeries d'art et les sombres magouilles clandestines actuelles, aussi effrayantes que celles des nazis, La Femme en feu revient sur un thème à la mode celui des œuvres d'art volées par les nazis dans une version chic et choc, dans des grands lofts, des soirées mondaines et autres yachts, ponctués de scènes de meurtre et d'autres de sexe, pour un récit agréable à lire même s'il semble très calibré.
Citation
L'avion privé d'Ellis atterrit en douceur à l'aéroport de Berlin-Brandebourg. Tandis qu'ils ramassent tous leurs affaires, Ellis reste collé à son siège et regarde par le hublot. Son profil régalien semble pétrifié, comme ces visages de granit du mont Rushmore.