Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'islandais par Philippe Reilly
Paris : Points, mars 2020
292 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7578-7809-5
Coll. "Policier", 5174
Voyage au bout de l'obscurité
Hulda Hermannsdotir, soixante-quatre ans, est une inspectrice islandaise qui adore son métier, surtout depuis que sa fille s'est suicidée et son mari est mort d'une crise cardiaque. Solitaire, elle travaille souvent à l'instinct et est peu appréciée par ses collègues. Elle commence à trouver un réconfort avec un vieux médecin veuf, mais leur relation n'en est qu'à leurs balbutiements. Et peut-être que la retraite l'obligerait à ressasser, elle qui ne pense qu'à son travail, sa vie et ses démons intérieurs. Sa vie va à nouveau basculer, sans même qu'elle s'en doute, quand elle va devoir mener l'enquête sur une femme au volant d'une voiture qui a heurté un piéton et qui s'est enfuie. Mais elle pressent alors que la conductrice lui a caché sa volonté de provoquer l'accident pour tuer celui qu'elle sait être un pédophile. Très rapidement la femme avoue mais l'inspectrice Hulda Hermannsdotir ne veut pas l'arrêter. Et à peine rentrée au commissariat, elle est convoquée par son supérieur qui lui annonce qu'elle doit prendre sa retraite. Le temps que son jeune remplaçant débarque, elle obtient le droit de rouvrir un vieux dossier, celui d'une jeune clandestine russe, retrouvée noyée. Suicide, meurtre, clandestine ou prostituée sont autant d'interrogations. Sans compter que ses premières constatations risquent de la mettre en porte à faux avec sa hiérarchie car les témoignages et indices qu'elle recueille semblent laisser penser qu'au minimum un autre policier a mal fait son travail et, au pire, a caché un crime.
Le roman de Ragnar Jónasson est très étrange car au final on découvrira - par une suite de petits à-coups, de flashbacks montés avec soin, de nombreuses autres histoires -, qu'une réalité toute différente se cache derrière cette intrigue. Au final, un discours officiel montrera combien toute la vérité restera cachée et que derrière les apparences, les choses sont plus complexes, plus humaines, et que si la vieillesse est un naufrage, peut-être que certaines destinées de personnages (et sans doute d'humains bien réels) sont aussi des chemins tracés vers le néant, à l'image sans nul doute, du titre original, Dimma qui est à la fois le prénom de la fille de l'inspectrice qui s'est suicidée et qui signifie en islandais l'obscurité. En représentant une enquête où tous les acteurs ne sont pas des surhommes ou des psychopathes, mais bien des gens qui essaient de vivre (avec ou malgré leurs pulsions), qui zigzaguent entre le Bien et le Mal, entre leurs envies, leurs désirs et leurs rêves, La Dame de Reykjavík est un roman policier honnête, mais surtout un hymne dépressif de première force, au cœur même de la noirceur de la vie.
Citation
Involontairement, les mains de la jeune femme se crispèrent sur le volant. Le rire moqueur de son passager ne fit rien pour apaiser ses craintes.