Contenu
Une soirée de toute cruauté
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du finnois par Sébastien Cagnoli
Arles : Actes Sud, mai 2019
374 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-330-12161-7
Coll. "Actes Noirs"
Jeu de massacre à quatre
Mikko et Robert ont été deux amis qui ont passé leurs premières années en Finlande. À l'époque, Robert était déjà amoureux de Veera, même si celle-ci avait une liaison avec Robert. Ce même Robert avait aussi eu une liaison avec une jeune femme, morte depuis. Sans doute, d'ailleurs, Robert garde une part non négligeable dans cette mort. Puis les chemins de Mikko et Robert se sont dissociés. Robert est parti faire fortune comme banquier international lié à des affaires pas toujours honnêtes et actuellement en phase de repos forcé, suite à un scandale bancaire. Il passe donc son temps dans un superbe appartement situé dans le Shard, le grand immeuble moderne de Londres. Il a une nouvelle épouse, Élise, une belle et splendide femme, mais il y a comme un serpent dans le paradis, symbolisé par un sabre de samouraï avec lequel il jongle, et des capsules de cyanure qu'il garde dans un bel écrin. Mikko, lui, est devenu un journaliste spécialisé dans les affaires de corruption, celles du monde politique ou du monde financier. Avec Veera, il vient à Londres pour passer des vacances et une soirée avec Robert. Et il a apporté de quoi l'empoisonner. Quant à Élise, elle n'aime plus son mari et Veera est sûre que Robert est responsable de la mort de son amie des années plus tôt...
Toute l'intrigue commence par trois téléphones qui sonnent dans le vide et une quatrième personne qui prend l'avion pour s'enfuir. Tout le roman va petit à petit montrer comment une soirée autour d'un repas va devenir une tragédie mortelle. Il faut apprécier ce huis-clos dans un superbe appartement, ces remontées du passé (à plusieurs étages : un amour de jeunesse, une liaison avec la femme du meilleur ami) entre deux personnes qui ont été amis et qui le sont restés malgré des choix politiques et philosophiques contradictoires. Entre éléments feutrés, symbolisés par cet immense loft surplombant Londres, et violences "étranges" avec maniement d'un sabre, utilisation de poisons (à travers aussi le don traditionnel d'un pain de seigle qui est peut-être lui aussi chargé de substances létales), le roman ressemble à un moment étouffant et sadique dans une ambiance entre Agatha Christie et Alfred Hitchcock, un peu pesant et long. Très bien construit et léché, il manque cependant comme une âme, comme la vision d'un crime sordide vu à travers une vitre ou caché dans un tableau à la Dennis Hopper.
Citation
Si je venais d'endurer trois heures de supplice dans l'enfer du voyage, ce n'était pas parce que je voulais tuer mon ami d'enfance. Non, je ne voulais pas. J'étais obligé, sous peine de subir une vie entière de regrets.