Contenu
Poche
Réédition
Tout public
184 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7578-9158-2
Coll. "Roman policier", 5505
Vue en coupe des banlieues malades
Mathieu est un jeune homme tranquille, mais il a commis une erreur : il a accompagné un ami, alors que ce dernier allait essayer d'escroquer des trafiquants de drogue locaux. Si l'ami s'est enfui, les criminels, emmenés par un certain Damien, se sont emparés de Mathieu et ont décidé de faire un exemple. Ils l'ont battu en filmant et diffusant cette correction. Par malheur, l'agression a débouché sur la mort du jeune homme et ils ont jeté le corps...
Rachid Santaki est à la fois auteur de romans policiers et animateur d'atelier d'écriture. Depuis des années, il se pose la question de la violence des banlieues et il voit, à travers ce fait divers, un moyen d'approfondir sa recherche. Il contacte les différents protagonistes du drame. Il va obtenir notamment les confessions d'un certain Sofiane, qui a l'air de vouloir se repentir. Certains amis de Rachid Santaki sont plus nuancés. Est-ce vraiment des remords ou une manière d'agir en vue d'obtenir un assouplissement de peine ? Rachid Santaki va cependant rencontrer Sofiane en prison puis, plus tard, à l'occasion d'ateliers d'écriture. Il va même assister au procès qui fait cohabiter deux mondes qui s'ignorent et ne peuvent pas se comprendre.
Comme l'indique cette dernière partie, il ne s'agit pas ici d'un roman, même s'il y a des scènes recrées qui ont sans doute une part de fiction, au sens strict du terme. L'auteur s'installe dans son texte, fait part de son "enquête" de ses doutes, des réactions de ses proches, émet quelques explications sur le phénomène ou propose quelques solutions. Il décrit un monde glaçant qui joue avec les apparences et le qu'en-dira-t-on, où il faut montrer ses forces et cacher ses faiblesses, où les repères sont si flous, qu'il faut jeter un cadavre à l'eau rapidement pour ne pas perdre du temps car on a un avion à prendre. Pétri d'humanisme, l'auteur parvient à rendre le désarroi qui est le sien. Comment en est-on arrivé là ? Comment avons-nous pu créer ces monstres froids qui tuent sans remords (certaines scènes au tribunal sont glaçantes) ? Son récit sait, par un style clair et précis, nous faire partager les sentiments des personnages. Laisse pas traîner ton fils se situe entre essai, autofiction sensible et description d'un monde dont on ne voit souvent que les actions violentes sans les conséquences qu'elles contiennent.
Citation
Je n'ai pas regardé les images mais le journaliste donnait des détails de ces séquences : sa mise à nu, son lynchage en plein froid au bord du canal. Toute cette violence m'interpellait. Où était ce jeune homme ? Pour quelles raisons les auteurs avaient-ils mis son lynchage sur Snapchat ? Je n'imaginais pas un instant que j'allais me retrouver au cœur de toute cette histoire et que j'écrirais ce texte.