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Grand format
Inédit
Tout public
580 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-265-15662-3
Coll. "Fleuve noir. Thriller"
Saga mafieuse
Enlevé par des inconnus, roué de coups, le commandant de police Paul Dalmate va finir dans une tombe anonyme au beau milieu d'un bois. Qu'est-ce qui a bien pu se passer ? Quelques mois plus tard... Longtemps, mafia juive et triade chinoise ont vécu en bonne entente. Aujourd'hui bien menacée : en représailles d'une affaire sordide, Richard Nathan et ses gardes du corps sont abattus en pleine rue par les frères Yang, membres de la triade de Shen Li. Richard Nathan qui était en association avec Éric Chen à l'insu de leurs mafias respectives. Une affaire inhabituelle : les deux clans, chinois et juifs, étaient liés par une multitude de ramifications et les différends financiers se réglaient à l'amiable, pas dans le sang. La violence n'est jamais bonne et somme toute, personne n'avait intérêt à ce qu'elle explose, même quand une tentative de représailles fait la mauvaise victime. Shen Li et Albert Nathan vont tenter d'éviter un nouveau bain de sang. Un trafic de came pourrait-il être à son origine ? Les deux patriarches ont toujours refusé de toucher à la drogue, leurs clans respectifs gagnant bien assez d'argent comme ça. Et ce d'autant plus que les autorités policières ont le trafic de drogue dans leur viseur et que les peines bien plus sévères. Mais l'origine de toute cette histoire peut aussi remonter à la première boucherie mondiale, lorsque les Célestes, ces Chinois embauchés par l'armée française, sont arrivés en France. Parmi eux, le légendaire Zhang, le Chinois juif, médecin doué pour les langues, qui fera vite la liaison entre sa communauté et l'armée. Zhang qui se souvient que les triades des origines étaient avant tout des organisations d'entraide. Dans l'enfer des tranchées peuvent naître d'improbables amitiés, déjà avec ces noirs américains traités de haut par l'administration américaine, mais qui forcent vite le respect de tous. Mais aussi avec Chaïm, avec qui ils s'enfuiront à la fin de la guerre. Des liens parfois plus forts que ceux du sang...
Contrairement aux usineurs de thriller industriel, Jean-Marc Souvira, qui a débuté dans le polar avec le très réussi Musicien, n'est pas des plus prolifique. On le comprend si c'est pour sortir des textes aussi énormes — 580 pages bien tassées et, incroyable mais vrai, sans une longueur — et ambitieux... Le tout semble faire revivre ce sous-genre qu'est la saga mafieuse, née bien sûr avec Le Parrain, novateur pour son époque, mais en ayant compris ce qui fait sa spécificité : moins une série de fusillades et autres règlements de comptes arbitraires que les rapports complexes qui régissent ces organisations pyramidales composées d'individualités diverses — même si on n'échappe pas au cliché des anciens respectueux des traditions face aux jeunes sans morale, heureusement traité avec plus de légèreté qu'à l'habitude. Mais à mi-chemin, le roman vire au récit historique traitant de pans peu connus de la Première Guerre mondiale, long passage qui rappelle les meilleures sagas historiques de Hong Kong : ce personnage plus grand que nature de Zhang pourrait être l'un des héros légendaires du panthéon chinois à la Wong Fei Hung, auquel on pense parfois. Ce qui n'empêche pas l'auteur de conclure sa saga mafieuse de façon satisfaisante après quelques unes de ces scènes d'action dont il a le secret. On en sort à bout de souffle en espérant qu'il ne faudra pas attendre huit ans le prochain roman...
Nominations :
Le Noir de l'Histoire 2023
Citation
Chacun de son côté, M. Sun et M. Shen pensaient 'Hong Kong' ou 'La compagnie'. Un raccourci pour ne pas nommer la triade à laquelle ils appartenaient, la 14K, une des mafias chinoises les plus puissantes dans le monde du crime organisé. Aucun ne souhaitait voir débarquer ses représentants, ce qui signifierait des désagréments ultimes pour tous.