Héroïna

Largement dégarni mais la tête rasée de près, Simon Boissard affichait cinquante-huit ans à l'état-civil ; cependant, mince et entretenu par un exercice physique régulier, il en paraissait facilement dix de moins. Son surnom de "Monsieur Propre" - pour sa ressemblance toute relative avec le champion du détergent, mais aussi parce qu'il cleanait ses cadavres comme personne – ne lui déplaisait pas, même s'il ne l'aurait avoué pour rien au monde .
Mathieu Lecerf - La Part du démon
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 21 novembre

Contenu

Roman - Policier

Héroïna

Mafia - Drogue - Domestique MAJ samedi 08 avril 2023

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,9 €

Marc Fernandez
Paris : HarperCollins France, avril 2023
384 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 979-10-339-1117-3
Coll. "HarperCollins Noir"

Des lignes sur une héroïne

Le titre de ce nouveau roman de Marc Fernandez est bien entendu une double référence. L'héroïne, c'est à la fois le personnage central de son roman - une femme qui doit faire un choix très difficile -, et de l'autre la drogue qui inonde les rues (entre autres) d'Acapulco. Quels liens entre les deux ? La Familia Diamante, l'un des principaux gangs de la ville, est dirigée par Roberto Aguilar qui est à la fois une personnalité en vue et un homme rude. Lui a épousé Olivia et ils ont un enfant, Pablo, âgé de onze ans et qui rêve de devenir libraire. Mais un jour, en rentrant plus tôt que prévu, Olivia découvre que son mari occupe son temps libre avec son fils pour remplir des sachets de drogue. Horrifiée par ce qu'elle a vu, elle décide de fuir. Dans le même temps, débarque en ville un procureur spécial chargé de lutter contre les narcotrafiquants. Il a choisi Acapulco car la ville est l'objet d'échanges de coups de feu entre bandes rivales, la transformant en un lieu malsain que les touristes fuient. Et il se trouve qu'il connait Olivia. Une entrevue secrète est donc organisée au cours de laquelle le magistrat lui propose d'exfiltrer son fils et de le faire adopter par un couple de l'étranger. Une solution qui forcerait Olivia à rompre tout contact avec lui, et qui pour une mère n'est pas facile à envisager. Quel choix fera-t-elle ?

Le roman est une bonne description double. D'un côté, une société corrompue, où les élites se cooptent et supportent (ou du moins évitent d'évoquer les sujets qui fâchent) les gangsters du moment qu'ils investissent politiquement et culturellement dans le pays. Un pays où il devient difficile même d'aller en famille se faire bronzer sur la page, des gangs pouvant venir s'y livrer en pleine journée à des règlements de compte, avec des armes de guerre qui peuvent liquider nombre d'innocents en toute impunité et sans le moindre état d'âme. Et de l'autre, c'est le parcours particulier d'une femme, au départ amoureuse et désireuse de monter dans la société. Elle va accepter beaucoup de choses de son mari, et puis arrive un jour où elle comprend qu'elle n'a pas uniquement eu un enfant, mais qu'elle est peut-être à l'origine d'une dynastie criminelle, obligée de vivre avec des gardes du corps et de voir son fils sombrer dans la violence. Ces deux éléments structurent un récit classique, bien construit, et qui se déroule de manière logique, jusqu'à une fin intelligente et crédible, laissant un gout amer.

Citation

Du sang. Des cris. Des gens qui courent partout. D'autres qui filment avec leur téléphone portable. Gros plan sur un corps allongé sur le dos, criblé de balles, en direct sur les réseaux sociaux. Tout pour le clic et le buzz, aucune compassion pour ce vendeur ambulant assassiné, ses marchandises (des paréos et des chapeaux) répandus à côté de lui.

Rédacteur: Laurent Greusard samedi 08 avril 2023
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page