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La Chambre close
Poche
Rivages, novembre 2009
412 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-2028-8
Coll. "Noir", 755
Roman d'un crime, 8
Ce qu'il faut savoir sur la série
Grande série policière suédoise écrite entre 1965 et 1975, "Roman d'un crime" suit les investigations de Martin Beck, policier consciencieux, et de sa brigade. Les enquêtes classiques de Martin Beck conduisent à mettre en avant l'envers du décor d'une société suédoise qui a tous les éléments en mains pour prospérer. Comme l'écrit Robert Deleuze dans Les Maîtres du polar, c'est une "scannerisation de la société suédoise" qu'opère le couple d'écrivains.
La justice était presque parfaite
La police de Stockholm a les nerfs à vif. Un duo comique, Malmström et Morhén, écume les banques de la ville. Aussi, quand une femme entre dans la partie, il ne fait aucun doute pour le procureur Bulldozer (ça vous donne déjà une idée de la finesse de ses réflexions) Olsson que c'est un des deux gusses précités grimé en donzelle qui a fait le coup. Pourtant, le modus operandi diffère car un homme a été tué accidentellement sous le coup de la nervosité. Dans le même temps, Martin Beck reprend du service après sa longue convalescence. L'affaire qu'on lui remet a été bâclée depuis le début. Un homme a été retrouvé mort dans son appartement. La police a très vite conclu à un suicide. Seulement voilà, si l'on a bien retrouvé la balle qui l'a tué, l'arme, elle, personne ne s'est soucié de son absence. Martin Beck va tranquillement arpenter la ville pour essayer de débrouiller cette intrigue, croisant la route de Rhea, femme atypique avec qui il va partager plus qu'une bouteille de vin et une lampe de poche.
L'approche de Maj Sjöwall et Per Wahlöö pour ce huitième épisode des romans d'un crime est surprenante. Si, comme le souligne Michael Connelly, "les auteurs utilisent et renouvellent le classique du genre qu'est le meurtre en chambre close", qu'ils développent deux enquêtes parallèles, donc sans rapport, mais qu'ils osent défier l'axiome mathématiques en les faisant se croiser, le roman se démarque de ses prédécesseurs par un humour décapant qui met à mal la police. Cette police qui nous emmène dans "une drôle de promenade infernale" avec "la prise d'assaut d'un appartement de Danviksklippan, un classique comique qu'on peut relire à satiété" nous explique Håkan Nesser dans la seconde préface. Et pourtant, la critique de la société reste profonde. Roman ubuesque qui se conclut dans l'amoralité la plus totale avec un homme puni non pas pour ses actes présents mais pour ses fautes passées, et des coupables qui s'en tirent les valises pleines de billets…
Citation
Si l'on excepte les chiens policiers, les professionnels de la lutte contre le crime ne sont jamais que des êtres humains, après tout.