Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais par Janine Lévy
Le Livre de poche, mai 2017
222 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-253-05243-4
Coll. "Policier", 6736
Mensonges du passé confrontés au présent
Broadhinny, petite commune sans prétention. Sauf que Mrs Mac Ginty y est morte. Elle a été assassinée chez elle, assommée d'un coup derrière sa tête. Dans sa chambre, sous une latte de parquet, vingt livres en petites coupures ont été dérobés pour être enfouis à proximité et facilement découverts. Son locataire, James Bentley, homme quelconque, chômeur, qui n'avait pas payé son loyer depuis deux mois, a été arrêté, jugé et reconnu coupable. Condamné à mort, il attend sa sentence. Mais pour l'inspecteur Spence, quelque chose ne colle pas. Bentley fait un coupable trop parfait. Or Spence a déjà eu l'occasion de travailler avec Hercule Poirot. Aussi, se rend-il chez lui, à Londres, pour lui soumettre l'affaire. Hercule Poirot est maintenant un vieux détective, qui traine son imposante silhouette dans les rues de la capitale anglaise, rythmant ses journées en dégustant ses trois repas quotidiens. Et il vient de découvrir le restaurant de la Vieille Grand-Mère, qu'il quitte chaque soir avec beaucoup de regrets tout en maugréant. L'occasion est trop belle pour lui de se sortir du marasme dans lequel il est enfoncé. Il part donc en pension pour Broadhinny au risque de mettre ses petites habitudes et son confort en danger. Là-bas, il commence à enquêter, à remuer de vieilles affaires. C'est un article découpé du Sunday Comet, qui relate les destinées de quatre femmes confrontées au crime, qui le mettra sur la voie. Dans l'intervalle, la romancière Ariadne Oliver débarque à son tour : un de ses romans policiers à succès devant être adapté pour le théâtre. Et elle s'est mise en tête de faciliter le travail du détective belge en interrogeant les suspectes, au nombre de quatre. C'est alors qu'un nouveau crime est commis...
À partir de cette trame qui part d'un point de départ quasi identique à celui de Crime et Châtiment (une logeuse assassinée d'un coup sanglant par son locataire qui fait main basse sur son trésor), Agatha Christie décline la recette qui a fait le succès des enquêtes d'Hercule Poirot. Ce dernier, maniéré, aigri par les nouvelles générations qui ne connaissent pas le célèbre détective privé, cède pour une fois à la vérité, et essaime dans une petite ville quelques mensonges pas très pieux et surtout pas par omission afin de réveiller un criminel. Comme toujours, il y a dans ce roman des vérités tues. Agatha Christie fait alors intervenir son double littéraire, tout en se moquant de son détective (son double à lui est finlandais, s'appelle Sven Hjerson et a "des manies ridicules"). Surtout, elle pose les jalons de la dernière enquête d'Hercule Poirot. À mesure que l'étau se resserre autour de l'assassin (enfermé dans ses mensonges), le danger devient plus prégnant. Et au cours d'un chapitre qui réunit tous les protagonistes, Hercule Poirot développe sa quête de la vérité tout en s'attardant sur chacun (certains s'énervant) avant d'annoncer le coupable avec un joli twist (auquel on peut évidemment regretter de ne pas avoir pensé et qui avait été évoqué par le détective belge). Écrite en 1952, Mrs McGinty est morte, est la vingt-septième publication mettant en scène le détective aux petites cellules grises (recueils de nouvelles compris). Il y pointe une dose de mélancolie quant au carcan dans lequel la romancière se trouve, et l'intrigue manque de cette petite originalité qui a fait son succès. Mais l'enquête se révèle hautement bien ficelée. Et procure un bon moment de détente.
Citation
Poirot repris en main le marteau à sucre et s'approcha de la fenêtre pour le mieux examiner. Il repéra sur la lame de petites taches décolorées, à peine visibles. Il se mit à réfléchir, tout en taquinant sa moustache.