Contenu
Poche
Inédit
Tout public
Marina Filiol de Raimond (nouvelle)
Ophélie Cohen (nouvelle)
Guillaume Ramezi (nouvelle)
Matthieu Parcarolli (nouvelle)
Salvatore Minni (nouvelle)
Marlène Charine (nouvelle)
Antoine Amélie (nouvelle)
Angélina Delcroix (nouvelle)
Vincent Radureau (nouvelle)
Nicolas Druart (nouvelle)
Ludovic Lancien (nouvelle)
Mo Malo (nouvelle)
Roy Braverman (nouvelle)
Damien Eleonori (nouvelle)
Hervé Gagnon (nouvelle)
Barbara Abel (nouvelle)
Alexis Aubenque (nouvelle)
Frédéric Mars (nouvelle)
Paris : Hugo poche, novembre 2021
494 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7556-9262-4
Coll. "Suspense", 352
Aide noire collective
Placé sous l'égide d'ELA, association qui aide les enfants atteints de leucodystrophie, et sous la direction de Damien Eleonori, voilà donc un recueil de 17 nouvelles écrites et données pour l'association, d'une gagnante d'un concours spécial (Ophélie Cohen) et d'un témoignage sur la vie de ces enfants malades (Marina Filiol de Raimond). Au départ, il avait été décidé de travailler sur la thématique imposée par Damien Eleonori. Elle est utilisé par la plupart des auteurs, et notamment en ce qui concerne les premiers textes. Vers la fin, à partir de "L'Incident", les choses sont un peu confuses, même si les textes restent intéressants. On a le récit d'une crise conjugale avec violence, où tout tient dans la chute, l'histoire d'un journaliste qui doit présenter en direct un match de football, mais qui a le sort plutôt contre lui, l'arrivée du premier vaisseau sur Mars et la nouvelle d'Ophélie Cohen, la gagnante du concours, qui joue sur une chute finale intelligente. Quant au dernier texte, de Marina Filiol de Raimond, il est forcément "hors concours" puisqu'il s'agit d'un témoignage fin et sensible sur la maladie.
Restent donc treize textes qui épousent le thème, et de manière plutôt réussie. Parfois la nouvelle joue sur la peur et le suspense, l'angoisse psychologique, parfois elle vire à la force énorme, se place dans le registre fantastique ou reste sobrement policière. Pour Barbara Abel, c'est l'auteure face aux séances de dédicaces et aux fans trop pressants qui constitue la toile de fond. "Il est temps de payer" ausculte un auteur poursuivi par des lettres anonymes qui le rendent fou. Alexis Aubenque, lui, propose un texte où il décide de se mettre en scène. Désireux de faire autre chose que des polars, il part en vacances mais ce n'est pas forcément une bonne idée. Ian Manook, sous le pseudonyme de Roy Braverman, s'inspire peut-être de Raymond Queneau (Le Vol d'Icare) pour raconter comment un auteur est envahi par ses personnages qui veulent tous des améliorations de leur propre statut. "Syndicat de personnages" revient un peu sur le même thème, mais en jouant dans un registre légèrement différent, les deux textes se complétant sans se détruire. "Maxine" est une variation sur la paranoïa, la folie et les relations complexes entre une psychiatre et sa patiente. Nicolas Druart raconte comment ce n'est pas sa maison qui est hantée, mais le tipi qu'il vient d'acheter pour sa fille. Alors se pose la question de savoir comment s'en débarrasser. Damien Eleonori, l'anthologiste, signe un texte prenant avec un homme et sa femme qui ont invité des voisins et une amie pour un repas. Mais l'amie qui a été très convoitée des yeux par le mari disparait. Qui est coupable ? Le policier jouera de psychologie pour débusquer l'assassin, mais il y a un écrivain derrière la disparition et il est diablement fort. "Woke" est, comme son titre l'indique, un texte sur la censure qui gagne nos rivages, avec un Hervé Gagnon, que l'on sent à la fois énervé et caustique. Dans "Urinoirs pour dames", c'est un auteur maudit qui se réfugie à la campagne pour écrire et dont le voisin se trouve être Guillaume Musso. Il désire le tuer et lui voler son manuscrit mais, prenant trop de médicaments, il risque de foirer son coup. Un texte vivant et drôle. "Dernière limite" nous plonge dans l'esprit d'un personnage, hanté par des démons intérieurs angoissants, dans une suite de rêves éveillés ou de cauchemars lancinants, bien rendus. Fred Mars (ou Mo Malo) nous amuse avec l'aventure de trois écrivains ratés qui décident de mettre en commun leur force pour écrire un Goncourt qui démontrera aussi l'inanité des prix littéraires. Mais il y aura toujours des malins pour en profiter. Enfin, avec "Récurrent", nous revenons à un personnage qui veut revenir dans le futur roman de son auteur et semble avoir bien des moyens pour réussir ce tour de passe-passe.
Au total, une anthologie de qualité, dont le thème a visiblement inspiré les auteurs. Chacun pourra trouver plus son bonheur dans un texte ou l'autre, mais aucun des écrits ne démérite.
NdR - l'anthologie comporte les textes suivants : "Une simple fiction", de Barbara Abel, "Il est temps de payer", d'Amélie Antoine, "Une dernière pour la route", d'Alexis Aubenque, "Page blanche", de Roy Braverman (Ian Manook), "Syndicat de personnages", de Marlène Charine, "Maxine", d'Angélina Delcroix, "Le Monsieur habite dans le tipi", de Nicolas Druart, "Inspiration", de Damien Eleonori, "Woke", de Hervé Gagnon, "Urinoirs pour dames", de Victor Guilbert, "Dernière limite", de Ludovic Lancien, "Le Point G. de Fred Mars (Mo Malo),, "Récurrent", de Salvatore Minni, "L'Incident", de Matthieu Parcaroli, "Demolition Derby", de Vincent Radureau, "Major Guillaume", de Guillaume Ramezi, "Lui et moi", d'Ophélie Cohen" & "21 mois", de Marina Filiol de Raimond.
Citation
J'écris du thriller psychologique. Il est vrai que je malmène le destin de mes personnages avec une certaine cruauté, poussant parfois leur infortune jusqu'aux confins de l'horreur domestique.