Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
Vivre et laisser vivre
L'Union Européenne s'est dotée d'un ambassadeur du multilinguisme, un homme qui parle toutes les langues de l'Europe (du moins les vingt-quatre officielles). Il s'agit d'un migrant oriental qui se fait à présent appeler Fergus Bond, allusion transparente à James Bond. Mais là où l'espion anglais maniait le pistolet, Fergus Bond manie les différentes langues, joue avec le langage pour promouvoir une nouvelle Europe, encore plus forte. Dans l'ombre, deux pays d'Europe orientale, l'Holothurie et le Tichodrome, deux pays où le nationalisme est fort présent et qui se vouent une haine inexpiable, ont décidé de liquider ce nouvel arrivé dans l'arène européenne. Soutenus en sous-main par divers eurodéputés nationalistes, les deux pays, après avoir raté leur premier attentat, décident de s'allier pour faire disparaître Fergus Bond. Mais les haines ancestrales ne simplifient pas les choses. De plus, le tueur envoyé pour dégommer l'homme de langue, surnommé l'Iguane, se retrouve face au linguiste et est conquis par son charme. Il passe dans son camp et va même essayer d'empêcher les attentats suivants. De nombreux attentats, puisque Fergus Bond a décidé de faire un tour d'Europe afin de prêcher la bonne parole.
Le roman de Philippe Mouche est un livre utopique autour de l'idée de créer une Europe unie et avançant d'un seul pas, en s'appuyant sur un personnage extérieur au départ à cette Europe. De nombreux éléments satiriques appuient son exposé, que ce soit les "experts" qui gravitent autour de Fergus Bond, qui essaient de le convaincre de certains pas à faire, même si l'ambassadeur a d'autres visées et surtout autour des deux pays que sont l'Holothurie et le Tichodrome, version contemporaine de la Syldavie et de la Bordurie, chères à Tintin, ou d'un eurodéputé nationaliste. Peuplé de coups de feu, d'attentats ratés, de plans secrets cachés dans d'autres plans secrets, d'agents secrets paranoïaques, le récit est avant tout un texte littéraire qui joue avec les éléments du noir plutôt que d'être un récit noir. Une fin extrêmement ouverte, le peu d'informations sur les véritables motivations du personnage, une histoire qui avance sans véritable intrigue, ce roman est surtout à conseiller aux amateurs d'un roman joueur et taquin, s'inspirant de codes pour les détourner et qui laisse un peu sur sa faim les lecteurs qui espéraient soit du roman d'espionnage, soit une intrigue forte, soit un décryptage de l'Europe. Pour les autres, c'est une jolie joute stylistique à contraintes.
Citation
Au prix d'un effort violent, elle se remet en mouvement. Essaie de joindre l'ambassadeur sur sa ligne personnelle, puis sur le téléphone bleu, il ne l'éteint jamais, sept personnes au monde connaissent le numéro. Pas de réponse, c'est pas normal, pas normal du tout.