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Quand la guerre s'éloigne sans que la paix n'arrive
Au Moyen Âge, lorsque les guerres finissaient, la plupart des soldats étant des mercenaires, ils rentraient lentement au pays, parfois en pillant de-ci de-là, comme pour ne pas perdre la main. Parfois, des prédicateurs les suivaient et répandaient, violemment, leurs bonnes paroles dans ce qui restait de villages. De plus, même si le monde était plus "frustre", les combattants devaient déjà connaitre les stress post-traumatiques. Alors, pourquoi cela n'aurait-il existé qu'au Moyen Âge ? À la fin de la guerre de Sécession, les rancœurs et les exactions devaient elles aussi éclater. Des groupes d'anciens militaires, parmi les vainqueurs mais encore plus dans les armées vaincues, erraient eux aussi. Et justement, ici, on plonge dans la vallée d'Ozark. McEwen a quatre filles, qu'il a élevées comme des garçons, et une belle ferme. L'ainée Enea, attend le retour de son amoureux, Dylan Stark, le fils de la ferme voisine, parti se battre et qui mettra longtemps à revenir. Alors que les quatre filles rentrent à la maison, elles sont doublées par leur oncle qui leur annonce que la guerre est finie. Tout le monde est heureux, mais lorsqu'elles arrivent à la maison, c'est l'horreur : un groupe de pillards sudistes commandés par un fou furieux, ivre de violence, et assisté d'une femme qui pare d'un discours religieux ses pulsions sadiques, arrive pour détruire la ferme et ses habitants. Au petit matin, ils partiront, laissant Enea et deux de ses sœurs cachées, ayant réussi à fuir la mort qui rôdait. Mais les filles McEwen ont à présent un but : retrouver ceux qui ont détruit leur bonheur et leur faire payer au centuple. Alors, elles se mettent en chasse.
Les amateurs de Pierre Pelot auront reconnu avec Dylan Stark qui apparaitra en filigrane dans ce roman un acteur qu'ils connaissent bien, car c'est un personnage qui a été au centre des premiers romans de Pierre Pelot, série avec un héros récurrent parmi d'autres ouvrages westerns. Ici, des années d'écriture ont passé et Pierre Pelot s'installe dans une histoire violente, décrite avec vigueur, renouant avec les éléments du western : calèches, vie des fermiers, esclaves sur le point de changer de statut, armées ennemies avec déserteurs qui errent et essaient de vivre sur le dos des habitants, village avec saloon et bordels, blessure et chirurgie primitive avec alcool comme anesthésiant. Chaque scène rappelle un livre, un film du genre et le magnifie. Vie de gens simples qui doivent s'endurcir pour continuer à exister, Loin en amont du ciel continue et prolonge les évocations des romans précédents, ce rapport parfois âpre à la nature, cette possibilité des hommes de devenir des démons. Pierre Pelot décrit sans juger de manière manichéenne, raconte, relate, comme l'un de ses personnages journalistes qui applique la leçon d'un autre western : "On est dans l'Ouest, ici. Quand la légende dépasse la réalité, alors on publie la légende" en ponctuant l'intrigue par des clins d'œil aux aventures de Dylan Stark. À ses débuts, Pierre Pelot disait qu'il vivait dans les Vosges et qu'enfant il jouait aux cow-boys et aux indiens, et qu'après tout les décors se ressemblaient. Aujourd'hui, il "clôt" avec panache la boucle en revenant à ses anciennes amours magnifiées par l'amplitude du style, par la maitrise de la langue. Nous avons écrit clos entre guillemets car il est bien évident que, égoïstement, nous ne tenons pas que le mot soit pris dans un sens de fermeture. Chaque roman de Pierre Pelot relance l'intérêt pour son œuvre, nous offre des bribes d'humanité, nous raconte la vie des hommes, leurs difficultés, leurs misères, leurs folies et leurs joies. Loin en amont du ciel confirme si besoin était comment cette œuvre est essentielle pour les lecteurs que nous sommes. Et comme disait (presque) Alexandre Vialatte : "C'est ainsi que Pelot est grand."
Citation
Les porcs se laissèrent approcher un instant plus tard, après qu'elles en eurent surpris deux occupés à détriper un enfant, le corps de sa mère - probablement - étendu à côté, ouvert du pubis au sternum, vidé de sa ventraille et de la masse déchiquetée de ses poumons et du reste.