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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Valérie Malfoy
Paris : Presses de la Cité, avril 2023
332 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-258-19522-6
Coll. "Sang d'encre"
Dur Candy
Le professeur Steven Harding a un certain goût pour les étudiantes, même si ses liaisons ne durent jamais longtemps, mais lorsqu'il rencontre Ellie, il pense avoir trouvé "la bonne", celle qui restera. Quoi de mieux qu'un week-end en amoureux pour mieux se connaître, dans un lieu isolé, loin de tout, et qui plus est isolé par une tempête de neige ? En principe ce que quiconque a un peu de bon sens devrait éviter. Surtout que le week-end tourne vite au traquenard...
Difficile de résumer un roman à l'intrigue minimaliste qui aurait dû rester à l'état de novella... L'intrigue a beau se la jouer dans le coup et se revendiquer de #MeeToo (histoire que l'on sache très bien ce qu'il va arriver), elle évoque plutôt une de ces anciennes dramatiques radiophoniques genre "Maître du mystère" revue et corrigée, et le Hard Candy, du regretté Andrew Vachss, qui racontait à peu de choses près le même scénario... en 1989. (Sans oublier cet autre vrai suspense sur base de séquestration qu'est le haletant Les Morsures de l'ombre, de Karine Giébel). Dommage, car le prologue est assez alléchant mais, ensuite, on nous inflige plus de cent pages de romance entre deux personnages guère attirants, évoquant plutôt les ados de Twilight avec leur passion de balancer à tout bout de champ des citations littéraires - passage qui, vu ce qui se passe ensuite, relève beaucoup de la rétention d'information. Il y a aussi cette manie actuelle de coller des intercalaires parlant d'un protagoniste dont on ignore l'identité (et on n'en saura pas davantage au final), ce qui ne sert qu'à remplir de la page. On remarque aussi que comme souvent dans ce genre de récit, notre héroïne "positive" ne pense pas un seul instant à utiliser les éléments à sa disposition pour aller trouver la police, préférant monter un piège capillotracté avec pas mal de variables... Sans surprise, le tout déroule sa trame de vengeance porn jusqu'à l'éternelle apologie de l'auto-défense (qui jadis était taxée de facho...) devenue du dernier politiquement correct, vengeance porn qui ne s'assume même pas, puisque la grande scène qui devrait être l'aboutissement logique du roman et sa catharsis est traitée par une ellipse (même pas le courage d'appeler un chat un chat ?). Reste l'écriture, plus soignée que le thriller industriel de base (et servie par une traduction plus qu'irréprochable de Valérie Malfoy), mais où il devient clair que l'auteure a tendance à se regarder écrire.
Citation
Un lien imperceptible nous unit. Nos âmes se sont trouvées dans ce dédale de salles et de corridors, cet océan de visages anonymes. J'ai scruté ton visage, sans parvenir à déterminer si ce geste avait une raison d'être.