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Et c'est ainsi que nous vivrons
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Chloé Royer
Paris : Belfond, juin 2023
336 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-7144-9323-1
Espionnage en dystopie
Nous sommes en 2045 aux États-Unis. De fait pas tout à fait car les États-Unis n'existent plus en tant que tel. Suite à une forme de guerre civile, le pays s'est divisé en deux blocs. Pour résumer les côtes Est et Ouest forment la République Unie, dirigée par un industriel des nouvelles technologies, et le centre du pays s'est nommé la Confédération unie et est sous le contrôle d'un groupe de religieux. Si la Confédération n'hésite pas à brûler les homosexuels et autres transsexuels, parfois en public et à la télévision pour que l'information soit bien connue, la République se veut plus ouverte, mais utilise une grande partie des avancées technologiques pour surveiller ses propres citoyens, les pucer et se servir de ces puces comme espions envers les autres citoyens. Seul un petit espace, la Zone Neutre, genre de Berlin de guerre froide de ce nouveau monde, subsiste et permet un maigre espace d'échanges entre les deux communautés. Samantha Stengel est une maître espionne de la République. Fille unique d'un universitaire, elle a appris que ce dernier avait été infidèle et père biologique d'une fille de l'autre côté. Or, il se trouve que celle-ci est aujourd'hui également une espionne, mais travaillant pour la Confédération. Et elle serait actuellement du côté de la Zone Neutre pour y préparer des opérations. Le chef de Samantha Stengel l'envoie sur place, sous la couverture d'une critique de cinéma pour repérer cette demi-sœur et la liquider. Mais ne serait-ce pas un piège pour faire venir Samantha dans cette Zone ? Avec l'aide de deux agents, en qui elle a confiance, Samantha arrive sur place. Mais il semble que l'adversaire est au courant de son arrivée. Y aurait-il des traîtres dans son camp ? Samantha Stengel va devoir apprendre à se méfier, encore plus, de tout le monde.
S'appuyant sur une situation dystopique, inspirée en partie de La Servante écarlate, le roman de Douglas Kennedy s'ouvre avec un rapide survol de la situation américaine de cette année 2045. Puis la mission de Samantha Stengel lui sert, outre à révéler la paranoïa de ce monde, à renvoyer dos-à-dos deux façons de concevoir le monde, aussi mauvaises l'une que l'autre. La description de cet univers sombre et glaçant de paranoïa, de traîtres dont on ne sait jamais s'ils sont doubles, triples, voire quadruples, calqué sur celle des pires effrois de la Guerre froide, permet de rendre un univers effrayant, tout en restant crédible et réaliste. Sans prétendre au chef d'œuvre, Et c'est ainsi que nous vivrons, qui se concentre sur la personnage centrale du livre, sans évoquer le reste du monde, ni même présenter les dirigeants d'un camp ou de l'autre, mettant la focale sur cette espionne et sa vie, se laisse lire et est plutôt une bonne surprise, alliant écriture classique pour des gens peu spécialistes des intrigues de l'espionnage ou de la S.-F. et univers assez crédible pour ne pas offusquer les partisans purs et durs du genre.
Citation
Elle s'appelle Maxime. Elle travaille pour moi, en quelque sorte, et nous nous sommes rapprochés au fil des années, bien que, dans mon secteur, une telle camaraderie soit considérée comme peu professionnelle. La raison de son exécution : elle a osé plaisanter en public au sujet du Christ.