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Hacendado : l'honneur et le sang
Grand format
Inédit
Tout public
80 p. ; illustrations en couleur ; 32 x 24 cm
ISBN 978-2-344-04971-6
Coll. "24X32"
Désert d'humanité
1863, État de Sonora au Mexique. Descendant d'une lignée de conquistadores, Don Armando, propriétaire de l'Hacendado, a une idée de la morale et de la justice. Quand son propre fils, Diego, est accusé du viol et de la tentative de meurtre de Doña Joselita, il n'hésite pas à le sauver de la potence pour l'emmener et l'abandonner au milieu du désert afin que Dieu lui offre une chance de guérir de ses péchés. Mais Doña Maria, sa mère, part à sa recherche sans se douter que dans le désert de Sonora vont se croiser, se battre et s'entretuer les Apaches du valeureux chef Cleghorn, des chasseurs d'Apaches menés par le terrible Abraham Hinter, un puma gigantesque et d'autres êtres solitaires pour qui la liberté n'a qu'un prix, celui du sang.
Scénarisé par Philippe Thirault, cette terrible histoire sanglante où la vengeance est le nœud gordien dresse en creux le portrait d'un homme mauvais par essence qui n'a pas hésité enfant à tuer son propre petit frère. Ayant auparavant fait ses gammes sur un lézard, il a tout de l'âme maléfique du tueur en série. Seule sa mère ne semble pas vouloir voir ce qu'elle sait au plus profond d'elle-même alors même qu'il a également tué la chair de sa chair. Sa mère, qui veut absolument le croire innocent d'un nouveau crime dont on l'accuse et qui veut avant tout se révolter contre l'autorité de son mari.
L'ingéniosité de cette bande dessinée, c'est qu'elle nous dévoile peu à peu la personnalité de Diego. Et puis qu'elle fond cette personnalité dans un monde d'ultra violence, la rendant de prime abord sympathique. Pour amplifier cette impression, le dessinateur Gilles Mezzomo octroie au personnage de Diego un visage d'ange, derrière lequel peu à peu se dessine un portrait satanique. La bande dessinée, très ancrée dans un univers à la "Blueberry", serait presque parfaite si les premières pages n'étaient déstabilisantes par la profusion de personnages que l'on peut confondre et par des actions qui viennent apportent leur lot de confusion. Passé cette dizaine de premières pages, une fois assimilés les différents personnages, on est happés par ce monde de violence, de viols, de meurtres, de trahisons. Hacendado : l'honneur et le sang n'est pas un univers où la morale est bafouée. C'est un univers où elle n'existe pas et où la femme se démarque de l'homme par un seul élément : elle survit bien trop longtemps et meurt à petit feu après bien des tourments qui feraient regretter les tortures apaches. Pourtant, ironie de l'histoire, tout ça se clôt avec la fuite messianique de Chenoa, fille de Cleghorn, à l'issue d'un massacre en tous sens, nous laissant abasourdis. Un western mexicain des plus sanglants qui ferait passer Vera Cruz pour une virée romantique.
Citation
Je suis un monstre et c'est vous qui m'avez donné la vie ! Qui m'avez protégé ! Qui avez permis qu'existe celui que je suis !