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Tout public
Préface d'Emmanuel Pailler
Romain Slocombe (illustrateur de couverture)
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Emmanuel Pailler
Paris : Moisson rouge, mars 2010
236 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-914833-91-2
Le drôle de medley de Fredric Brown
Écrit en 1956, La Bête de miséricorde (The Lenient Beast), roman de Fredric Brown, est déjà paru en France à une "autre époque". À une époque où parfois les traductions étaient "surréalistes, où approximations, inventions, coqs à l'âne, anglicismes délirants et incohérences narratives se multipliaient" comme le relate le nouveau traducteur Emmanuel Pailler dans sa préface.
Dans une petite ville à la chaleur étouffante, le corps d'un homme, Kurt Stiffler, est retrouvé dans le jardin de John Medley, un paisible retraité. Une balle de .22 tirée dans sa nuque. L'arme a disparu. Deux policiers mènent l'enquête. L'un, Fern Cahan, est d'avis que c'est un meurtre de rôdeur. L'autre, Franck Ramos, soupçonne le retraité. Le mort, d'origine germano-mexicaine, avait seul survécu à un accident de voiture dans lequel sa femme et ses trois enfants avaient péri. Malade, il avait toutes les raisons de se suicider alors pourquoi le tuer ? Germe dans l'esprit de Franck Ramos l'idée que John Medley a tué par miséricorde. Mais son capitaine le tient pour fou et lui ordonne de ne plus rencontrer Medley. L'arme du crime resurgira peut-être dans une autre affaire, qui pourra alors rebondir. Trop de temps a déjà été consacré au meurtre d'un homme que tout le monde a déjà oublié.
Fredric Brown alterne des chapitres où ses personnages prennent tour à tour la parole. John Medley, Fern Cahan, Franck Ramos, sa femme Alice et le capitaine Walter Pettijohn. Quatre histoires viennent alors se mêler. L'enquête, le passé de Medley, la désagrégation du couple Ramos et l'idylle de Cahan avec une ravissante témoin. Brown aborde ses thèmes de prédilection. Il est beaucoup question de racisme, de quête identitaire, d'incompréhension, d'alcool et de rédemption. Medley, personnage central, est un autre prêcheur que celui de La Nuit du chasseur. Il a tué sa femme mais se cache-t-il les bonnes raisons alors qu'il a perdu la sienne ? Après, même s'il s'avoue avoir été un homme sans Dieu, il suit la voie que Dieu lui ordonne. Stiffler croyant ne se serait pas suicidé. Du moins c'est ce qu'il croit et ce qui a motivé son acte. Emmanuel Pailler parle de "style sec et efficace, à la limite de l'épure". Il a évidemment raison. Le premier chapitre du roman est un modèle du genre - il aurait d'ailleurs pu n'être qu'une nouvelle. Brown est minutieux à outrance, et l'on se sent captivé par ce qui se déroule sous nos yeux avant de nous effondrer la porte refermée sur les policiers comme John Medley. Et ce n'est que le début !
Citation
En fin de journée, je trouvai un cadavre dans mon jardin. Je m'étais levé à huit heures, comme d'habitude, mais je ne fis cette découverte que quelques minutes après onze heures, parce que je n'avais pas regardé avant par la fenêtre de mon salon.