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Inédit
Tout public
Comme un glissé de slide
En 1997, un jeune groupe de rock français est venu tenter d'attraper un bout de gloire aux États-Unis. Le guitariste y a rencontré une jeune actrice avec coup de foudre à la clé. Puis avant que les choses ne soient dites, la jeune femme est partie en promettant d'être là la semaine suivante pour le concert. Mais le soir dit, elle n'était pas là au grand désespoir du guitariste qui, après le concert, est sorti pour pour tenter de la retrouver. C'est alors qu'il a été assommé par quelqu'un qui lui a détruit les deux mains et qu'il a plongé dans le coma. En sortant du coma, ne pouvant plus jouer, le guitariste s'est séparé de ses amis et a vivoté de ses droits d'auteur dans un Los Angeles, où il s'est surtout promené de nuit. Peu à peu, par éclairs la mémoire semble maintenant lui revenir. Mais parviendra-t-il jusqu'au bout de cette quête de renaissance ? Retrouvera-t-il la jeune femme malgré le nombre d'années passées ?
L'intrigue de Simon Baril est réduite à sa plus stricte expression et d'ailleurs nous n'en saurons pas plus beaucoup sur l'agression à la fin qu'au début de ce court roman. Entretemps, nous aurons suivi le narrateur aujourd'hui, évoquant le passé, vivant entre ses voisins bruyants et un homme qui l'invite cherchant sans doute un ami, des retours en arrière sur ses débuts de musicien et sa rencontre avec la jeune femme. Tout est raconté avec soin, sensibilité, à travers des petits détails du quotidien - un verre pris, une balade dans la nuit, un couple sur un banc, une rencontre amoureuse alors que la femme doit composer avec son enfant qui veut jouer. Jouant sur une suite d'impressions, de petites actions sans grande intensité (autre qu'émotionnelle), le roman avance poétiquement, comme sur une corde raide, dans un esprit de funambule, avec le lecteur comme spectateur qui ne peut s'empêcher de continuer sa lecture pour suivre le parcours chancelant sur le câble tendu. Expérience de lecture qui intéressera plus un lecteur habitué aux textes classiques, aux amateurs d'un genre très ouvert qu'aux puristes du polar, Bleu guitare se savoure comme un long morceau de rock symphonique, une plongée à la Pink Floyd plus qu'une course de cent mètres sexpistolienne, comme un pur moment de repos noir au milieu des massacres quotidiens. Une très jolie parenthèse.
Citation
Pourtant, je ne suis pas un vampire. Du moins je n'ai jamais bu le sang de personne. Mais si j'osais me regarder dans le miroir de la salle de bains du studio qui me tient lieu de sépulture, je découvrirais sûrement que ma pâleur n'a rien à envier à celle des fantômes. Comme eux, je crains le soleil.