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Grand format
Inédit
Tout public
368 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-02-151485-8
Coll. "Cadre noir"
La traversée du disert
Harry Boone est envoyé à Grenade, en Andalousie, pour retrouver le secret qu'est censé cacher l'Alhambra, à savoir le Noble Reflet, un miroir dans lequel, dit-on, se mira un jour le prophète Mahomet et qui, tel le Saint-Suaire, conserva son image. Son existence est attestée par les écrits de l'érudit Yûsuf al-Faqîh, un juriste Andalou qui a fait partie de la cour de Boadbil, dernier souverain musulman de l'émirat de Grenade. Neuf mois que Boone et son équipe se cassent les dents pour retrouver cette relique convoitée par tous les islamistes qui soient. Normal : elle n'existe que dans l'imagination d'Archie Briggs, le supérieur de Boone qui l'a inventée de toutes pièces pour justifier la présence de l'espion à Grenade, où risque de se jouer l'avenir de l'Andalousie. Une non-mission qui convient bien à l'indolent Boone... Mais c'est alors qu'une menace bien concrète se prépare. Alors que le monde s'enlise dans le confinement, la plupart des Occidentaux trouvent un répit dans le virtuel, fiction ou réseaux. Et voilà qu'un virus élégamment nommé Ides de Mars sème la panique chez les Gafam. Chargé de négocier la rançon, Harry Boone se retrouvera face à un terroriste pas comme les autres exigeant que la rançon se compose exclusivement de pierres précieuses...
On le sait, en ouvrant un roman de la série de Percy Kemp consacrée à Harry Boone, il ne faut pas s'attendre à une action trépidante digne des émules de Jason Bourne avec un œil sur les chiffres de vente. Percy Kemp cultive à merveille l'art de la lenteur, de l'atmosphère, de la digression érudite qui fait que l'on se trouve une fois de plus dans cette zone grise entre littérature dite "de genre" et "blanche". Le côté désabusé de Harry Boone, grand partisan du moindre effort et conscient de l'inanité de sa tâche, appelle à une comparaison facile avec John Le Carré et son espion comme héros post-moderne perdu entre double ou triple jeu — sauf que l'on ne retrouve pas les intrigues inextricables qui font le sel des romans du Britannique. On prend certes son temps, mais la conclusion où tout s'emboîte de façon ingénieuse, ménageant plus d'une surprise, ramène soudain dans ce que le genre a de meilleur. Pas du goût de tout le monde, mais délectable pour qui apprécie cette petite musique bien particulière...
Citation
Boone était à n'en pas douter un espion indolent. Mais il était loin d'être un espion négligent.