Contenu
Rien dans la nuit que des fantômes
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par David Fauquemberg
Paris : Le Seuil, mars 2020
316 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-02-134420-2
Coll. "Cadre vert"
Un noir est mort
Billie James est une jeune femme qui tente de vivre de sa plume avec l'appui de son chien Rufus. Son père a été un poète noir qui a connu une certaine renommée mais qui a disparu après sa mort des écrans radar de la critique littéraire. Seul un universitaire essaie d'écrire une biographie qui le replacerait sur le devant de la scène. C'est alors que Billie redescend dans le Sud où son père fut assassiné trente ans plus tôt alors qu'elle n'avait que quatre ans. Elle vient, sur les conseils de son oncle, prendre possession de la maison de son enfance dans le delta du Mississippi. Peut-être y découvrira-t-elle quelque chose sur la mort de son père ou des papiers de ses derniers écrits, des inédits qui intéresseraient aussi l'universitaire voulant relancer son livre. Mais à peine arrivée, elle découvre que le Sud n'a pas forcément énormément évolué et que le racisme continue à peser et à étouffer la communauté. Ressasser le passé ennuie les autochtones qui manifestent alors violemment leur exaspération...
Paru dans "Cadre vert", une collection plus généraliste que noire, le roman de Chanelle Benz est de facture très classique. Même si quelques éléments montrent le suspense, la tension entre les communautés et les indices qui annoncent que la mort du père de Billie James cache des secrets honteux pour la ville, des secrets qu'un manuscrit inédit pourrait relancer, l'ensemble du roman s'inscrit plus dans la description fine et sensible d'une intrus venant remuer le passé et les lourds secrets de famille (au sens large) qui épuisent et empêchent d'avancer. Pour les amateurs de littérature générale, intéressés par le thème, Rien dans la nuit que des fantômes est prenant, avec des personnages finalement pas aussi sympathiques qu'il n'y parait. Et cette description des personnages évite des clichés faciles car la jeune femme n'est pas aimable, l'universitaire pense aussi à l'intérêt personnel qu'il pourrait tirer et les méchants semblent un peu épuisés par leur haine tenace. C'est cet aspect qui pourrait séduire un lecteur de polars, même s'il risque de trouver peu de points d'accroche par rapport à ses centres d'intérêt, hormis des personnages et des situations qui se rapprochent de cette guerre civile raciale plus ou moins larvée qui couve et continue de gangrener le pays.
Citation
Ça va aller, Billie, disait toujours son père. Il l'asseyait sur le canapé dans le salon et allumait la télé. Quand la porte se refermait derrière lui, elle pensait qu'il reviendrait. Il la laissait seule, parfois, mais il revenait toujours.