Gamine

À l'étage, dans la pièce équipée, Helen Abell nota le nom 'Lewis', penchée au-dessus de sa feuille. Elle avait retiré ses chaussures et, ses écouteurs sur les oreilles, s'efforçait de ne rien perdre de la conversation. Un cryptonyme, à l'évidence, mais qui ne lui était pas étranger. Ce n'était pas un homme de la base de Berlin – la BOB, comme l'appelaient les anciens.
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Roman - Noir

Gamine

Social - Apocalyptique - Rural MAJ mardi 18 juillet 2023

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 14 €

Christophe Kauffman
Marcinelle : Le Basson, mars 2023
164 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-930582-96-2
Coll. "Basson rouge"

Vue sur un désastre annoncé

Dans un futur très proche, les difficultés économiques se sont encore aggravées. Les villes sont protégées par la police et l'on en a chassé les pauvres et autres indigents. Ceux-ci, par troupes plus ou moins conséquentes sillonnent le pays et attaquent les petites communautés qui restent. Nous sommes ici dans l'une d'entre elles. À La Coulée, un petit village, entouré d'une forêt qui le protège un peu. Il y a madame Applazzi, la responsable de la supérette qui essaie de survivre en ces temps difficiles, les "Trois du Bout" - un père violent veuf qui trafique avec les gens de la ville et dispose de nombreux stocks, sans doute obtenus de manière illégale mais qui permettent au village de tenir, son fils, handicapé mental et sa fille, la Gamine (celle du titre) qui elle aussi tente de survivre dans ce monde hostile. Un peu plus loin, Platéville, une bourgade où vit Pierre-Yves. Vit est un bien grand mot car c'est difficile pour lui aussi. Mais quand il apprend la mort de sa grand-mère, dans le petit village excentré, et qu'il est témoin de bagarres pour des produits dans un supermarché local, il se fait la réflexion qu'il n'aurait plus de loyer à payer et qu'il pourrait tenir un petit potager, lui assurant de quoi manger. Aussi, il fait ses bagages pour la campagne avant que les villes ne soient complètement barricadées. C'est alors que Pierre-Yves va se confronter à des événement pénibles dans La Coulée pendant que des hordes de pauvres chassés rôdent dans les environs et pourraient menacer la survie du village.

Le récit de Christophe Kauffman n'est qu'une extrapolation, une exagération de tendances que la crise des gilets jaunes, le COVID et les événements récents dues à l'inflation vont peut-être nous arriver tant la situation décrite dans le roman exploite un possible. La description sombre des lieux, des situations, des pensées des personnages, très égoïstes, avec des envies de lynchage, montrent comment sous une situation policée la nature profonde de l'humanité peut ressurgir en quelques minutes. S'appuyant sur des personnages un peu paumés mais attachants (la gamine, Pierre-Yves ou la gérante de la supérette) et d'autres plus inquiétants (le père et le frère, entre autres), Gamine raconte un futur proche plausible, sans fin du monde horrible, mais qui est le juste prolongement de la détérioration du monde actuel, ce qui est nettement plus probable que l'arrivée de petits hommes verts avec des rayons destructeurs. On a l'impression d'être dans une version française d'Affreux sales et méchants, avec un final au milieu d'une tempête très bien rendu.

Citation

Bon dieu, ça pue les humains en marche. Un remugle constant de corps mal lavés, entre sueur aigre et nourriture en déroute, des giclées soudaines de parfum comme un camouflage désordonné sur des chaussettes presque moisies et des caleçons raidis de longues journées de macération. Ça pue et c'est bruyant.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 18 juillet 2023
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