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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (Canada) par Gérard de Chergé
Paris : Rivages, août 2023
298 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-7436-6049-9
Coll. "Littérature étrangère"
Le Temps n'est plus ce qu'il était
En 1912, Edwin, jeune rentier britannique désœuvré en rupture avec sa famille, arrive en Colombie Britannique où, dans les bois, il est témoin d'un phénomène étrange. En 2020, en pleine pandémie, Mirella enquête sur la disparition de son amie Vincent, qui avait filmé le même phénomène, comme une rupture dans le réel. Deux cents ans plus tard, alors qu'une nouvelle pandémie menace, Olive, autrice star des colonies lunaires, effectue une tournée de signatures sur Terre. En 2401, Zoey, employée de l'Institut du Temps sur la Lune découvre la répétition à travers les âges de cette même anomalie. S'agit-il juste d'un bug temporel, ou la réalité elle-même ne serait-elle qu'une simulation ? Et quel rôle joue ce mystérieux voyageur, présent à chaque fois ?
Auteure de polars canadienne, Emily St. John Mandel opère, depuis 2016 et la parution de son multi-primé Station Eleven un glissement progressif vers la science-fiction, comme un moyen de porter un regard de biais sur le réel. Avec La Mer de la tranquillité, le glissement se fait saut quantique alors qu'elle entremêle époques et lieux dans une épopée intime couvrant cinq siècles et tout le système solaire. Roman "pandémique", comme le fruit d'une nouvelle catégorie de récits nés en 2020, le texte s'organise autour des notions de contagion, de la contamination bien réelle d'un virus à celle de la réalité par l'inexplicable. Mais finalement plus que l'intrigue elle-même, qu'un lecteur de S.-F. détricotera assez rapidement, c'est par ses personnages, amenés tout en finesse par touches impressionnistes, que La Mer de la tranquillité séduit. Par ces instants tout simples qui pourtant dessinent des vies complètes (avec une mention spéciale pour le personnage d'Olive, romancière coincée en pleine pandémie dans une tournée promotionnelle pour un roman traitant de... pandémie, ce qui vaut quelques anecdotes vachardes et hilarantes), avec cette vision d'un futur radieux qui se déglingue à mesure que le temps passe. Et lorsqu'elle tend de subtiles passerelles avec son précédent roman L'Hôtel de verre, on se prend à rêver qu'Emily St. John Mandel poursuivra plus avant son exploration d'un monde qui a encore bien des richesses à offrir.
Citation
On peut dire 'C'est la fin du monde' avec conviction, mais ce qui se perd dans l'usage désinvolte de cette formule, c'est que le monde finira bel et bien un jour - au sens littéral. Pas 'la civilisation', quoi que signifie ce mot, mais la planète à proprement parler.