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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (Israël) par Éric Moreau
Paris : Nouveau monde, février 2023
352 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-38094-370-2
Coll. "Roman policier"
Guerre chaude en pays chauds
Ronen est un agent du Mossad. Sous l'autorité de son chef, Gadi (à qui il a "pris" sa femme, elle aussi ancienne des services secrets), il doit se rendre à Beyrouth pour participer à la liquidation d'un chef terroriste. Mais à la dernière minute, Ronen ne peut exécuter sa mission et l'équipe israélienne rentre au pays. Cette affaire est cependant divulguée et les services secrets doivent faire face à une levée de bouclier de l'opinion publique. Les politiques décident alors de "sacrifier" Ronen qui a raté la mission. Entretemps, le chef terroriste a pris du galon et on décide en haut-lieu de sa survie, pour éviter de trop fortes tensions. Mais Ronen refuse la reconversion proposée par sa hiérarchie. Il ne veut pas devenir un bureaucrate et s'enfonce dans la déprime. Cependant, il décide de retourner à Beyrouth, seul, et d'achever la mission. Sa femme se rend compte de sa dépression et s'inquiète encore plus lorsqu'il disparait, après avoir récupéré un vieux passeport de son passé d'espion. Elle prévient Gadi. Ce dernier, soutenu par le gouvernement qui ne veut pas qu'éclate un nouveau scandale, décide d'envoyer une équipe du Mossad afin de neutraliser, d'une manière ou d'une autre, l'électron libre. Les services secrets sont encore plus inquiets lorsqu'ils découvrent qu'avant de partir l'agent secret est passé dans les locaux techniques et a réussi à subtiliser des explosifs...
Le roman de Mishka Ben-David a été initialement publié au début des années 2000 et reflète donc une situation politique un peu différente de celle que nous vivons (même si le conflit et ses protagonistes n'ont pas beaucoup changé). L'idée de départ de l'intrigue est intéressante : déçu par ses propres autorités, un homme décide de passer outre les consignes, et doit être arrêté non pas par ses ennemis mais par son propre camp. Le récit s'ouvre sur des aspects politiques avec la commission d'enquête autour de l'affaire, puis développe la vie quotidienne des agents secrets, dans leur propre pays, avant de construire la course poursuite finale, où un homme doit sauver son ennemi et empêcher son adjoint de faire la mission qu'il lui avait commandé des mois plus tôt. Sur cet accrochage ironique, voire cynique, Duel à Beyrouth se déploie de belle façon, mélangeant avec soin des moments d'actions intense, et toutes les précautions à prendre pour mener une action secrète. Sans doute, le propre travail de l'auteur, dans les services du Mossad, a dû aider à construire cette base précise et descriptive, mais cela n'empêche de l'avoir transformé grâce à un regard d'écrivain et un sens aiguisé du détail, non seulement des opérations mais aussi de la psychologie des personnages. Un excellent roman d'espionnage, sans manichéisme.
Citation
Gadi avait choisi de ne pas prendre le passeport qu'il avait utilisé la fois précédente - celui qui comportait son visa valide -, car il ignorait avec quelle minutie les autorités avaient enquêté sur les événements de l'année passée, ni si son nom figurait sur une liste noire.