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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Nicolas Richard
Paris : Les Arènes, avril 2019
430 p. ; 22 x 16 cm
ISBN 978-2-7112-0103-7
Coll. "Equinox"
Homme ordinaire
"Cherry". Le titre fait référence à de l'argot américain. Car "Cherry" n'est pas uniquement le nom d'un fruit ou une adaptation en langue étrangère de notre mot doux, mais un également terme désignant ce que nous appellerions un bleu, un débutant. Le roman de Nico Walker pourrait retracer l'histoire d'un débutant, de quelqu'un qui va s'insérer dans le monde, sans heurts, mais dans la marge, sans qu'il en prenne conscience, uniquement parce que les choses se déroulent ainsi. Au départ, le narrateur est un jeune homme sans histoire, qui vit avec la belle Emily, et le couple s'envoie de la drogue sans trop de complexes. Venu d'une famille modeste, il veut se changer les idées, sans doute, mais il y a peu d'explications psychologisantes dans le livre, et il décide de s'engager dans l'armée. Un petit boulot d'infirmier sans importance, qui lui ouvrira le droit de financer des études. C'est compter sans l'administration militaire qui après ses "classes" l'envoie en Irak. Au retour, la drogue devient une réalité de plus en plus importante, jusqu'à le pousser à commettre des braquages pour assurer sa dose quotidienne.
Cherry est un récit d'initiation à l'américaine, mais une initiation particulière puisque le personnage central n'évolue pas énormément mais regarde avec cynisme, humour et circonspection, la société américaine. Le long développement sur l'armée montre une administration qui tourne en rond, et une guerre absurde. Dans le roman, il n'y a jamais de jugement et le personnage devient toxicomane parce que cela lui plait, sa compagne aussi. Il commence à braquer des banques car c'est la chose la plus facile et logique à faire. Cherry décrit ainsi, sans appuyer sur la déchéance ou l'héroïsation de ces personnages, mais en les présentant quasiment comme des trajectoires normales, comme un quotidien pas plus étrange que celui d'un trader ou d'un ouvrier. On pourrait écrire que ce n'est pas un roman noir, au sens propre du terme, mais un livre avec des éléments noirs qui regarde du côté de la vie, de l'autobiographie romancée (le roman s'inspire de la vie même de son auteur) pour raconter l'itinéraire d'un homme sans fard, sans fioriture, juste un humain qui ne vaut pas plus qu'un autre, mais pas moins, avec tact et humour.
Citation
C'est comme ça que j'ai loupé la grande bataille, celle où le bataillon a envoyé quarante hadjis au jardin avec les rivières en dessous. Et je suis content d'avoir loupé la bataille parce que c'était probablement une connerie et de toute façon l'armée vient d'assassiner notre chien.