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Grand format
Inédit
Tout public
160 p. ; 19 x 12 cm
ISBN 978-2-918634-25-6
Coll. "Borderline"
Le mensonge sort du puits
Au sens premier, une infiltration, c'est la façon dont un liquide s'introduit et passe à travers des corps solides. C'est bien le cas ici avec une histoire d'eaux pures, qu'elles proviennent des précipitations ou des nappes phréatiques, et qui s'infiltrent dans le sol. Pas de problème tant qu'elles rencontrent des terres saines. Mais que se passerait-il si ces eaux devaient se trouver en contact avec des déchets toxiques ? Heureusement, les entreprises, soucieuse du bien humain, et les services publics, composés de fonctionnaires dévoués à la cause publique et d'élus prompts à défendre leur concitoyens veillent... Mais une infiltration c'est aussi le terme qui désigne la façon dont des individus s'introduisent discrètement dans un organisme ou une association pour en surveiller le bon fonctionnement. Face aux délits possibles - des entreprises qui pensent plutôt aux bénéfices de leur actionnaires, des fonctionnaires carriéristes ou des élus corrompus -, les citoyens lambda n'ont que leur probité et leur volonté de bien faire.
Le roman de J.-M. Brice s'ouvre sur la découverte d'une mallette rejetée par une rivière. Elle contient les derniers documents laissés par un ingénieur à la Direction Régionale de l'Environnement et des Conservatoires proche des écologistes. Ce dernier se serait noyé accidentellement après une réunion d'opposition à un projet d'enfouissement de déchets. Léna, une journaliste nancéienne, s'empare de l'affaire et essaie de découvrir ce que cela cache. Mais entre les difficultés à prouver la concussion, la corruption (car c'est bien la mauvaise foi généralisée), les mensonges qui ont infiltré l'État et ses services, et le manque de volonté des journaux liés aux publicitaires, cela ne peut forcément pas aboutir. Heureusement pour Léna, elle peut compter sur Bob, un dépanneur dans tous les sens du terme.
J.-M. Brice sait visiblement de quoi il parle. La description des mécanismes de décision, des systèmes opaques, des renvois d'ascenseur, du mélange entre le politiquement correct affiché par les sociétés capitalistes et le pouvoir, et leurs mépris du public sont évoqués par fines touches. Le rapport entre les pouvoirs d'argent, les élus locaux et la presse régionale sont également présentés, ainsi que le travail souterrain des petits mains du crime, humains qui ont juste besoin d'avoir un travail. Le roman est court et se présente plus comme un article journalistique documenté mis en fiction que comme un réel polar. Même s'il dispose de quelques scènes d'action et d'un peu de suspense, d'une évocation sympathique des territoires vosgiens, l'essentiel passe surtout par la description militante d'une situation intolérable, comme un épisode du "Poulpe" sans le passage... du Poulpe justement... Presque dix ans après sa parution, ce roman est en revanche toujours et encore plus d'actualité !
Citation
Un tel projet à cet endroit est une aberration écologique, et l'étude que je rendrai à D.I.E. montrera l'importance des espèces menacées. Ensuite l'administration fera ce qu'elle doit faire.