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L'Île du sacrifice
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du suédois par Rosine Longuet
Gennevilliers : Prisma, avril 2014
428 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-8104-1272-3
Coll. "Noir"
Lente sortie du coma
Le roman du Suédois Håkan Östlundh s'ouvre avec un policier emporté par un hélicoptère. Il est dans le coma suite à l'arrestation mouvementée d'un assassin. Ce mouvement d'hélicoptère sera sans doute le moment le plus dynamique du récit. Entre un policier dans le coma, de sombres histoires de famille et d'adultère, de remords qui touchent les protagonistes d'un drame ou les policiers eux mêmes, de violences conjugales feutrées et de la vie ou de la survie dans les petites villes suédoises, L'Île du sacrifice va osciller lentement.
Ce coma qui ouvre le récit en est en fait la conclusion. Au centre de l'intrigue, deux cadavres. Celui de Kristina, une mère de famille et d'un autre personnage. Peut-être son mari qui revenait d'un voyage d'affaire de trois ans au Japon. Mais l'homme mort est si tronçonné par son assassin qu'il est difficile de savoir qui il est vraiment. Mais la police va découvrir qu'il s'agit en fait d'un cousin du mari, amoureux depuis l'adolescence de Kristina. Le mari est-il l'assassin ? Où se cache-t-il ? Y a-t-il un rapport avec un cadavre sans tête et sans pieds qu'un promeneur va croiser ? Et quel autre rapport peut-il y avoir avec la petite frappe locale juste sortie de prison et qui avait une dent contre la famille massacrée ?
L'Île du sacrifice renoue avec les clichés du cinéma ou du roman nordique : introspection des personnages, mélancolies douces, flambées de violence soudaines, adultères et sentiments dont on ne sait pas pas trop quoi faire. En deux secondes, le lecteur comprend que si les pieds du cadavre ont disparu c'est sans doute parce qu'il y avait un rapport avec un des disparus qui chaussait du 47... Et l'on n'est pas surpris quand on apprend qu'en fait il s'agit d'un quasi-accident lorsque le policier tombe dans le coma (ce qui permet à sa femme de le veiller à son chevet en même temps qu'une policière qui a été son amante, histoire de pimenter les remords des uns et des autres). Les morts, en hors-champ, sont longues et douloureuses, sans doute plus que la lecture, mais ce roman très axé sur la psychologie des personnages souffre d'un regard trop extérieur. En centrant plus sur les pensées des différents protagonistes, cela permettrait au moins de comprendre les souffrances, les angoisses des uns ou des autres plutôt que cet éloignement qui rend difficile l'entrée dans le texte, comme si nous aussi, nous entendions toute cette histoire à travers le brouillard d'un coma.
Citation
Pour le moment, le monde était pour elle enveloppé d'un brouillard gris, mais le seul bruit du comprimé en train de se dissoudre la soulagea.