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La métamorphose durant le procès
En 1958, en Belgique, c'est un peu comme en France, à la même période. Les femmes commencent à essayer de s'imposer dans le monde professionnel, mais c'est très difficile avec des hommes qui occupent le devant de la scène. Katarzyna est une jeune femme, venue depuis la Pologne avec sa mère, mère violée par les Russes, victime volontaire pour empêcher ces derniers de s'approcher justement de sa fille. Elle débute dans le métier de journaliste et s'occupe vraiment de petites affaires au sein du Soir. Un jour, cependant, elle est conviée à manger à L'Atomium par son rédacteur en chef, qui lui propose une série d'articles autour d'un procès qui va sans doute défrayer la chronique. Deux ans plus tôt, une catastrophe minière a provoqué la mort de deux cent cinquante mineurs. Lorsque les secours sont intervenus, ils ont pu sauver deux Italiens, qui avaient réussi à se réfugier sur un wagon. Mais quelques jours plus tard, on a également retrouvé sous le wagon, un contremaître, détesté, mort, peut-être étranglé. Le commissaire chargé de l'affaire, raciste, a chargé les deux secourus, dont l'un était un garçon parfois violent et surtout parce qu'il semble que sa femme était la maîtresse du contremaitre. Le procès des deux Italiens débute à Marcinelle, et la jeune femme découvre qu'elle est charriée par ses collègues masculins, que les raisons qui l'ont fait choisir par son rédacteur sont obscures et peut-être même qu'elles ont un autre but que celui de promouvoir une journaliste méritante. Et puis, elle décèle des failles dans l'enquête et ne comprend pas pourquoi l'avocat de la défense ne fait pas intervenir l'épouse adultère...
Paul Colize nous rappelle avec son nouveau roman que notre société actuelle vit aussi sur l'exploitation des autres, que ce soit les femmes ou les étrangers immigrés. À travers une histoire vraie, celle d'une catastrophe minière aussi provoquée par la cupidité humaine, l'auteur nous offre, en suivant un procès reconstitué et quelques scènes de la vie de sa journaliste, une reconstruction d'une époque. Les hommes sont odieux mais parce que, en 1958, c'est pour eux une façon normale de se comporter. Un policier expose sa vision raciste des choses en répondant aux questions d'un procureur à qui cela ne semble pas poser problème parce que, bon, il ne s'agit que d'Italiens. En décalant le regard, le personnage central du roman voit bien que tout cela est faussé, qu'une société ne fait pas sens ainsi et que le monde broie les pauvres, les petites gens, non seulement par des conditions injustes, mais en toute bonne foi, parce que c'est ainsi que le monde va. Le roman s'achève cependant par un happy end, intelligemment amené, où il suffit de regarder autrement les choses pour faire émerger la vérité. Et il nous montre combien ce genre codifié qu'est le roman de procès peut être aussi, outre une joute entre hommes, une description intéressante de la société, un autre endroit où se joue la lutte entre progrès et réaction.
Citation
Des pensées tourbillonnaient dans sa tête. La mission était gratifiante, mais les raisons qui avaient poussé Wellens à la lui confier restaient obscures. Elle ne croyait pas à son discours progressiste. Que cachait donc cette soudaine ouverture à la diversité ?