Tapas ou ça casse

Roman - Policier

Tapas ou ça casse

Vengeance de brute ou de gentleman ?

Tout d'abord, ôtons un doute qui pourrait naitre à la présentation de cet ouvrage, il ne s'agit pas d'un roman à quatre mains. D'un côté, nous avons une histoire ressortant du noir, de l'autre, en fin de livre, des recettes de cuisine, inspirées par des passages du livre (à moins que ce ne soit l'inverse et que l'auteur ayant goûté les petits plats du cuisinier ne les ai glissés, en hommage, dans les papilles de son personnage). Frédéric Villar a également été un joueur de rugby et cela se retrouve aussi dans son histoire. Une histoire dans laquelle nous découvrons Guilhem Arbanats, qui a longtemps joué avant d'être victime d'une blessure provoquée lors d'un attroupement et qui lui a laissé une méchante cicatrice et l'arrêt de son sport. Il est sûr que celui qui l'a défiguré est un certain Melchior, un joueur qui accumule les mauvais points - vantard, lâche, bagarreur, avare. Quelques années ont passé mais Guilhem Arbanats a la rancune tenace et il a réfléchi à une vengeance, complexe mais qui devrait racheter son handicap. Pour cela, il doit faire ami-ami avec Melchior, l'entraîner dans une nuit de beuverie qu'il paiera entièrement avant, au petit matin, d'accomplir sa vengeance. Il met son plan en route, un jour que le hasard lui fait justement rencontrer l'autre homme...

Une fois passée l'anecdote de la blessure, nous allons donc suivre les deux compères dans une nuit alcoolisée, parsemée de petits plats de droite et de gauche, dans une longue dérive vers le lieu de la vengeance. Description méticuleuse, racontée par le rugbyman lui-même, le récit développe cette soirée, avec un fond sonore, des histoires sur le rugby, l'amitié et tout ce qui peut lier deux hommes dans ce genre de soirée. Un final changera, deux fois, la perspective. Le texte de Frédéric Villar est court sur un fil narratif est fin (mais pas mince) : une vengeance et sa mise en place méthodique, verre après verre, tapas après tapas. Le récit se ponctue de discussions, de descriptions de la ville de Bordeaux, du rugby, et des réflexions "philosophiques" des deux personnages. Tapas ou ça casse est bien mené sur cette trame, tient assez bien la distance, l'auteur virevoltant entre différents thèmes autour de cette soirée, avec grâce. On a l'impression de se retrouver un peu dans Un singe en hiver (un vieux livre et un vieux film), avec cette dérive de deux hommes dans la nuit des bars de la ville.

Citation

En Pays d'Ovalie, un garçon de plus d'un quintal, on le dit pas obèse, on le dit gaillard, on se félicite de l'avoir dans son équipe, on lui offre des verres, on parle avec lui du match de dimanche dernier, du match de dimanche prochain... et on va pas l'emmerder avec des graphiques.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 29 septembre 2023 partager : | |