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La Trilogie de Damiano Damiani : justice, politique, corruption
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Le poids des morts, le choc des images
Journaliste et cinéaste, Giacomo Solaris a tourné un film incriminant un magistrat local corrompu qui finit assassiné par la mafia, qu'il servait depuis des années. Faisant œuvre de fiction, il n'en dénonce pas moins un authentique procureur sicilien que tout le monde reconnaît. Et s'il s'attendait, s'il espérait même, un procès et une interdiction de son film, Solaris est loin de se douter que ses images vont finir par entraîner la mort, bien réelle, du procureur. Dans une Sicile rongée par la corruption, le cinéaste va tenter de comprendre la mécanique mortelle qu'il a involontairement déclenché.
Lorsqu'il réalise Comment tuer un juge en 1975, Damiano Damiani est considéré au sein du cinéma italien comme l'un des maîtres du poliziottesco, genre typiquement italien de films noirs ne reculant pas devant la violence pour rendre compte de la situation du pays au cours des Années de Plomb, entre extrémismes politiques, attentats et corruption généralisée de la classe politique. Pourtant, il décide avec ce film de prendre le contre-pied de ce qu'il avait proposé avec Confession d'un commissaire de police au procureur de la République ou Nous sommes tous en liberté provisoire, délaissant scènes d'action et poursuites pour signer un thriller politique, voire éthique. Double évident du réalisateur, le personnage de Solaris (remarquablement incarné par Franco Nero) s'interroge sur le rôle du cinéma, sur sa responsabilité morale et citoyenne, cherchant un procès qui révélerait la corruption du procureur et des élites politiques locales, tout en se compromettant lui-même avec un policier véreux et un mafieux de second ordre, tandis que le journal qui le finance rêve avant tout d'utiliser le film pour provoquer une scission au sein du parti au pouvoir, quitte à maquiller la vérité, et que le peuple y trouve un catalyseur à sa haine des puissants. Film sombre, lent, Comment tuer un juge raconte la quête, dérisoire et vouée à l'échec d'un homme dépassé par sa propre création, utilisée à mauvais escient. Il expose, avec finesse, les problèmes moraux et politiques qui secouaient alors le cinéma italien, écartelé entre des positions politiques tranchées qui voulaient voir en chaque film un tract, et une tentation de la violence gratuite qui allait finir par sonner le glas d'un genre devenu infréquentable. Et la force de Damiani, c'est d'avoir réussi à faire passer ces thématiques, presque en contrebande, dans un film de genre qui n'hésite pas, in fine, à tromper les attentes de son public avec une conclusion plus sordidement banale. Un dernier grand film politique pour Damiani, qui s'orientera ensuite vers des thrillers plus calibrés sans réussir à retrouver la pertinence visionnaire de son cinéma des seventies.
Coffret La Trilogie de Damiano Damiani : justice, politique, corruption :
Masters 2K restauré – Versions intégrales.
Coffret 3 BluRay + 3 DVD + Livre 100 p.
Nous sommes tous en liberté provisoire (L'Istruttoria è chiusa dimentichi, 1970 - 106 min.) avec : Franco Nero, George Wilson & John Steiner.
Comment tuer un juge (Perché si uccide un magistrato, 1975 - 110 min.) avec : Franco Nero, Françoise Fabian & Marco Guglielmi.
Goodbye & Amen (Goodbye e Amen, 1978 - 103 min.) avec Tony Musante, Claudia Cardinale & John Steiner.
Bonus. Présentations par Curd Ridel. Entretiens avec les techniciens des films. Diaporamas d'affiches et photos. Films-annonces originaux. Livret 100 pages d'Emmanuel Le Gagne Damiano Damiani, un cinéaste se rebelle
NdR - La chronique de Jean-François Micard porte uniquement sur le film Comment tuer un juge.
Citation
- Peu importe que je sois condamné ou pas.
- C'est le scandale, les insinuations. Pour vous il n'y a que cela qui compte.