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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Antoine Chainas
Paris : Les Arènes, octobre 2023
352 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 979-10-375-0831-7
Coll. "Equinox"
Affreux, sales et crétins
Si la vie est plutôt agréable à Hamilton, Missouri, c'est essentiellement à Chowder Thompson que ses concitoyens le doivent. Ancien biker, proxénète, dealer et parrain local, il se partage le contrôle du bled avec son partenaire de crime, le shérif Mondale, qui préfère largement une vie calme à une vie honnête. Alors quand un procureur ambitieux décide de dévoiler l'ampleur de sa corruption, que sa fille rebelle débarque en ville et que deux pieds nickelés, aussi débiles que défoncés, se lancent dans le chantage entre deux braquages foireux, la quiétude d'Hamilton s'apprête à voler en éclats.
Fils de pasteur, amateur de rock et de Sam Peckinpah, Jedidiah Ayres avait débarqué sur la scène littéraire avec le très noir Les Féroces, une novella cruelle et dépouillée qui annonçait, déjà, son goût pour les personnages à la marge, les déclassés de la société capitaliste américaine. On retrouve cet appétit pour ceux que l'on qualifierait de ploucs, mais sous le registre de la comédie noire, dans Les Affreux. Recoin paumé de l'Amérique profonde, Hamilton regorge de figures de magouilleurs, de losers comme en évoquait Jim Thompson (le nom de son truand n'étant sans doute pas entièrement dû au hasard) au parcours aussi navrant que très drôle, à l'instar de Cal et Terry, ces Laurel et Hardy du crime, prêts à toutes les embrouilles, caressant pour Terry le rêve de faire de son fils un délinquant à sa (triste) mesure, ou d'Irma, fille unique et violente de Chowder, au physique de lutteuse et au tempérament ombrageux. Découpé en chapitres très courts, à la manière de séquences cinématographiques, le roman suit ces quelques jours où tout se déglingue, où les plans les plus foireux se heurtent au réel et où les ambitions ne peuvent mener qu'au bain de sang. À la manière d'un Fargo, auquel il doit également beaucoup, Jedidiah Ayres détricote la pelote et observe, en souriant, ses protagonistes se débattre face à leur propre médiocrité, tandis qu'il orchestre le jeu de massacre. Jouissif !
Citation
Peut-être pourrait-il marchander avec Chowder, si cette ordure consentait à lui enlever son bâillon avant de le tuer. Mais marchander quoi ? Qu'est ce qu'un homme comme Chowder Thompson pouvait désirer d'un pauvre type comme lui ?