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Inédit
Tout public
Traduit de l'islandais par Catherine Mercy, Véronique Mercy
Arles : Actes Sud, septembre 2023
394 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-330-18123-9
Coll. "Actes Noirs"
Le retour de la poupée
Huldar est un flic islandais qui a pour coéquipière Erla, avec qui il entretient des relations complexes. Ils sont actuellement sur un bateau au large de côtes islandaises à la recherche d'os ou de squelettes qui pourraient traîner sous l'eau. Effectivement, ils ont déjà repéré des éléments suspects dans cette zone et ils approfondissent leurs recherches. Finalement, ils vont parvenir à mettre la main sur les restes de deux cadavres, un couple peut-être, ainsi que quelques éléments de vêtements et de chaussures. Mais les investigations sont compliquées car peu de traces sont identifiables et aucune disparition signalée ne semble correspondre aux morts. Pourtant, Huldar ne se démonte pas et cherche à trouver la solution. Mais comme cette enquête est complexe et peu intéressante pour la police locale, ses supérieurs lui confient une autre mission : retrouver l'assassin d'un sans-abri toxicomane, poignardé dans le container qui lui servait de toit. Les pistes se complexifient également lorsqu'on apprend qu'il était peut-être aussi dealer. C'est à ce moment là que Fryja, une assistante sociale, proche d'Huldar, s'introduit dans le tableau car elle a besoin de l'aide de la police pour arriver à mettre la main sur une jeune fugueuse. Or cette jeune fugueuse est le cauchemar des policiers car elle semble être une mythomane impénitente, et prétend, entre autres, que ses parents auraient été tués par une poupée, une poupée qu'elle aurait trouvé dans un filet de pêche des années auparavant, alors qu'elle faisait une sortie en mer. Une poupée mystérieuse qui aurait disparu de l'appartement maternel après la mort de ce dernier. Et quand arrive sur ces entrefaites une policière qui vient de découvrir dans un caniveau les restes d'une tente de camping, abandonnée depuis des mois, dans un coin campagnard, et qu'à l'intérieur de la tente se trouve une chaussure qui ressemble étrangement à celle qui a été retrouvée en mer près de l'un des cadavres, les fils de l'histoire pourraient bien se rejoindre et tisser une trame convaincante pour la police.
Le récit policier de Yrsa Sigurdardóttir est construit de manière très intelligente tout en étant habilement mâtiné d'un brin de fantastique avec une poupée abimée qui revient régulièrement dans le cœur de l'intrigue, poupée qui semble vivante et animée de sa propre volonté pour châtier des assassins. Des intrigues que l'on pourrait penser complètement indépendantes se rejoignent par des fils ténus, par des coïncidences logiques pour créer un réseau ressemblant à ce que les personnages disent de l'Islande : un endroit où il est impossible de se cacher et de taire un secret car tout le monde se connait. Les événements disparates au départ trouvent une cohérence in fine. Les personnages sont décrits avec soin, même si la plupart restent dans les traces des autres personnages de romans policiers, avec leurs problèmes personnels, leurs difficultés de communication, les problèmes avec la hiérarchie. Mais l'ensemble tient la route dans la bonne moyenne des polars nordiques, grâce à une intrigue sérieuse, des fils narratifs solides. Une série intéressante qui offre ici un volet de bonne qualité.
Citation
Elle avait envie de crier pour défier les vagues qui la croyaient incapables de résister au mal de mer. Les désagréments qu'elle subissait n'étaient rien en comparaison de ce qu'elle endurait les lendemains de ses séances de défonce. Ils ne la gênaient pas plus que les douleurs de ses règles.