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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Charles Recoursé
Paris : Belfond, mars 2023
318 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-7144-9793-2
Coll. "Noir"
Oiseau en cage
Après avoir passé vingt-cinq ans en prison pour meurtre, crime dont elle prétend être innocente, Ava Webber est enfin libre et de retour à Bristol. Sur le chemin de la réinsertion, elle a droit à une petite maison, une aide financière, une conseillère et un psy pour l'accompagner. Celle que l'on a surnommé l'oiseau boucher doit s'affubler d'un nouveau nom, Robin Smith, un oiseau qu'elle déteste (Robin voulant dire rouge-gorge). Il ne lui reste que l'amitié de son voisin Bill, un ancien SDF qui tente de se racheter aux yeux de sa fille Amber. Or un jour, par hasard, Ava/Robin sauve un jeune garçon qui allait se faire renverser par une voiture, si bien que le journal local passe sa photo. Mais apparemment, quelqu'un a reconnu Ava en Robin et commence à la harceler. Elle en vient même à soupçonner Amber, la fille de Bill. Mais est-elle le témoin le plus fiable ?
Oiseau de proie est un premier roman "adulte" d'une auteure "jeunesse" qui se veut plus un suspense psychologique qu'un roman noir. Et donc, qui dit suspense psychologique dit des pages et des pages vouées à la description de la vie quotidienne du personnage avec une patience d'entomologiste – ce qui veut dire que le lecteur doit lui aussi s'armer de patience, d'autant que cette narratrice ne fait rien pour se rendre sympathique... Comme le genre implique forcément une grande révélation finale, en dépit des petits détails que Lucy Banks saupoudre – peut-être un peu trop : au départ, le crime dont on accuse la narratrice n'est pas très clair –, on finit plus ou moins à deviner où l'histoire veut en venir pour peu que l'on connaisse le genre, bien qu'elle joue sur les tropes actuels qui veut qu'une femme est forcément innocente, pure et virginale – et non, le voisin idéal n'est au final pas responsable de tout comme il est de rigueur. Ce qui fait la différence et sauve le tout du syndrome téléfilm du samedi après-midi, c'est l'écriture très travaillée, servie par une traduction plus qu'irréprochable, qui bien loin de la négligence actuelle du genre en Anglo-Saxonie, permet d'entrer dans les profondeurs d'un esprit de plus en plus malade : le parti-pris du "Je" laisse le lecteur en porte-à-faux, comme souvent avec les personnages de bourreau/victime. Une lecture pas inintéressante, mais à laquelle il manque un petit quelque chose.
Citation
Avant qu'on m'y envoie, je n'avais qu'une idée vague de la prison. Des murs en brique froide. Des barreaux aux fenêtres. Des repas servis sur des plateaux métalliques. Des lueurs menaçantes dans tous les regards. Ces images ne sont pas dénuées de vérité, mais elles n'englobent pas toute la réalité de la prison.