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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier
Paris : Gallimard, octobre 2023
590 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-07-289616-3
Coll. "Série noire"
Retour gagnant
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille à la main, dans les rues et les bars de la côte Ouest des États-Unis. Il fait la rencontre d'une actrice et, un soir, la sauve des griffes d'un gang. Mais ce n'est que partie remise car ces hommes l'ont enlevée pour récupérer une grosse somme d'argent qu'elle leur doit. Notre homme, qui veut l'aider, doit donc trouver rapidement un million de dollars. Heureusement, c'est alors que Markus Roed, magnat de l'immobilier, milliardaire norvégien, l'appelle à la rescousse. De fait, un tueur en série, ou supposé tel, a enlevé deux femmes de suite, les a tuées afin de dévorer leur cerveau. Le seul problème, c'est que les deux femmes ont été à un moment donné dans l'appartement du milliardaire. Et même si sa femme dit qu'il était avec elle quand les enlèvements ont eu lieu, les bruits courent sur sa possible implication. Il veut être disculpé car ces rumeurs nuisent aux affaires. Même si la situation est compliquée avec les forces de l'ordre, dont des amis de Harry Hole, il réunit son équipe afin de tout vérifier et de découvrir le véritable coupable. C'est très complexe car les victimes semblent avoir été comme hypnotisées par le tueur et les journalistes, toujours à l'affut d'un scoop, surveillent partout. Mais Harry Hole doit réussir car sa nouvelle connaissance outre-Atlantique y joue sa peau. En même temps, il doit faire avec la femme de son ancien collègue, qui s'est suicidé, sans doute en apprenant que le vrai père de son fils était Harry Hole. Parmi ses amis embauchés, Hole doit aussi travailler avec un homme en phase terminale et les réunions bruyantes de l'équipe autour de son lit d'hôpital ne sont pas du goût des infirmières. Mais lorsque c'est la propre femme du milliardaire qui disparait après avoir suivi de son plein gré un inconnu à la sortie de l'opéra, tout devient encore plus confus.
Voici le grand retour de Harry Hole, après quelques romans (intéressants) de Jo Nesbø qui l'avait vu s'en éloigner de Harry Hole. Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il est en pleine forme. On s'inquiète un peu au début du livre, un peu long et mou du genou, et puis tout repart de plus belle. Différentes pistes, une structure éclatée qui fait frissonner avec des personnages dont on se demande s'ils pourront endosser l'habit du tueur, avant une conclusion forte et impeccable. Les liens entre les acteurs de l'histoire, l'intrigue sombre à souhait, peuplée des fantômes du policier (et avec des dernières pages qui annoncent sans doute une suite déjà attendue), les personnages secondaires qui sont tout sauf des silhouettes mais obtiennent une densité en quelques lignes et répliques, des fils qui se croisent et racontent comment les gens en pensant la même chose mais à des moments différents peuvent louper leur vie, des façons de boire jusqu'à l'évanouissement. Je ne sais si la façon dont le meurtrier opère s'inspire de faits réels mais toujours est-il que c'est glauque à souhait et que le simple fait d'y penser replonge le lecteur au plus sombre de la psyché de l'auteur, un auteur qui nous enferre dans son histoire, nous empêche d'en sortir tant que la lecture n'est pas finie et parvient même à nous obliger à y rester encore quand la dernière page est tournée. La marque d'un très bon roman et d'un grand auteur, non ?
Citation
Son maquillage avait coulé. Ses cheveux, blondis dans un bombardement de produits chimiques, étaient plaqués d'un côté de son visage. Des lèvres renforcées au silicone, des faux cils qui formaient un auvent au-dessus de ses yeux, l'un, enfoncé, au regard voilé, les traversant sans les voir, l'autre qui n'était plus qu'une orbite vide.