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L'Étoile du désert
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Robert Pépin
Paris : Calmann-Lévy, septembre 2023
390 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-7021-6635-2
Coll. "Noir"
Le retour du héros
Le système américain est tel qu'un conseiller municipal puisse ouvrir un bureau de police. Le conseiller Pearlman a vu sa sœur violée et assassinée des années auparavant, et il a décidé de créer un service en charge des cold cases. En conséquence, il a nommé à sa tête Renée Ballard. Avec l'aide de bénévoles, elle a le droit de rouvrir des vieilles affaires et d'essayer de leur donner une résolution grâce, entre autres, aux nouvelles méthodes d'investigation. C'est aussi pourquoi elle appelle à l'aide Harry Bosch qui accepte à condition qu'il puisse enquêter, en même temps que les affaires ouvertes, sur celle qui le mine depuis des années : l'affaire Gallagher qui a vu une famille de quatre personnes décimée, le principal suspect étant l'associé du père, qui a disparu peu après. Afin de prouver son travail et de permettre qu'il fonctionne sur le long terme, Renée Ballard a, bien entendu, choisir de travailler en priorité sur la mort de la sœur du conseiller. Harry Bosch reprend le dossier et trouve des pistes potentielles, mais il est difficile d'avancer, car l'adjoint du conseiller semble s'intéresser de très près à l'affaire et il a placé dans les bureaux du service un certain Rawls, qui n'a aucune connaissance policière, mais est lié à la fois au conseiller et son adjoint. Grâce à des traces d'ADN, il peut être fait le lien entre la mort de la sœur et un autre crime de même nature arrivé des années plus tard et lui aussi resté irrésolu. Potentiellement, un tueur en série est passé inaperçu. Les recherches s'intensifient même si certaines tensions arrivent, entre certains des bénévoles, avec le conseiller, ou avec des témoins récalcitrants.
Le retour de Harry Bosch en duo avec Renee Ballard (et l'on aperçoit en fond quelques secondes Mickey Haller Jr, l'avocat auquel Connelly a consacré une autre série) est mené avec soin. Les pages finales pourraient même laisser penser qu'il s'agit du chant du cygne de l'inspecteur, mais il a si souvent ressuscité que nous ne parierons pas là-dessus. Le roman plus assagi, presque apaisé, est de facture très classique, et nous assistions à une enquête qui rebondit, des fausses pistes, des pièges pour faire parler l'un ou l'autre. L'autre affaire entre en résonance et est aussi traitée, en filigrane tout en restant captivante. L'Étoile du désert n'est pas un chef d'œuvre impérissable mais à l'intérieur des différents volumes, ce retour au classicisme, le côté presque apaisé de l'enquête, plus parcourue par des recherches scientifiques et des réflexions poussées que par des courses poursuites haletantes (il faut dire que Bosch est quand même vieillissant), en fait un ouvrage sympathique et qui, grâce également à quelques petites touches d'humour, est un bon épisode écrit par un Michael Connelly inspiré.
Citation
McShane avait liquidé toute la famille Gallagher en 2013 et enterré les corps dans le désert, mais Bosch n'avait jamais pu le prouver avant de prendre sa retraite. Bien sûr, il n'avait pas résolu toutes les affaires qu'on lui avait assignées en pratiquement trente ans de service. Aucun inspecteur des Homicides n'y parvenait. Mais c'était là d'une famille entière qu'il s'agissait. De la seule affaire en cours qu'il détestait avoir laissée derrière lui.