Contenu
Ce qu'il faut de haine
Grand format
Inédit
Tout public
396 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-265-15685-2
Coll. "Fleuve noir. Thriller"
Respiration fielleuse
En balade en forêt au bord de la rivière Cure dans le Morvan, Alice et son chien Pepper échappent de peu à un sanglier... attiré par un cadavre en piteux état. La capitaine Marianne Ferrand découvre alors que la victime a subi un véritable calvaire pendant trois semaines. De plus, le cadavre grouillant de vers a manifestement été amené sur les lieux et, vu l'absence de traces, en passant par la rivière. Quel mobile peut pousser à commettre un crime aussi abominable ? L'enquête démontre également que la victime, Valérie Freysse, DRH de plusieurs grands groupes, était l'un de ces monstres qui sert de bon petit valet du système, détruisant des vies sans états d'âme et se montrant tout aussi froide avec sa fille. Au moins trois personnes fragiles se sont tuées par sa faute, le mode du suicide se reflétant sur les sévices qu'a subi la DRH. Mais les trois personnes n'avaient ni famille, ni personne qui puisse les venger. Et pourtant... Comment trouver l'assassin d'un être que tout le monde détestait ? La solution se trouve peut-être dans la mémoire défaillante d'un vieillard atteint d'Alzheimer...
Jacques Saussey nous propose un nouveau polar dont le point de départ n'innove guère : un cadavre découvert, une victime... La différence étant un point de vue prenant le coupable pour narrateur, et la description par le menu de sévices dignes d'un Saw démontre une fois de plus l'interpénétration entre le polar et l'horreur pure (mais L'Aigle noir, le précédent roman de l'auteur, nettement meilleur, présentait un tueur presque surnaturel bien digne d'un slasher) : âmes sensibles s'abstenir. Mais ici le récit présente toute sorte de détours, dont un personnage qui semble là uniquement pour créer un suspect idéal, le tout avec des chapitres courts selon la méthode chère à James Patterson, pour cacher qu'au final l'intrigue est relativement simple et, dans les années 1970, aurait donné un (bon) "Un mystère" ou "Spécial-Police" de deux cents pages. Heureusement, il y a la faconde de Jacques Saussey typique des meilleurs auteurs populaires au sens noble du terme et des personnages attachants jusqu'à une jolie conclusion d'une ironie douce-amère. Cela se lit agréablement, même si on reste un peu sur sa faim tant l'auteur nous a habitués à mieux.
Citation
Je me tenais au-dessus d'elle, immobile, si ivre de vengeance que j'en tremblais lorsque j'ai scotché ses paupières pour qu'elle ne reconnaisse pas tout de suite les lieux. Elle n'avait pas mis les pieds ici depuis plusieurs décennies, je voulais que la surprise soit complète. L'obscurité forcée par l'adhésif allait en outre accentuer sa peur et l'amener à se ronger la cervelle pour essayer de comprendre qui j'étais, où elle était et pourquoi elle se retrouvait saucissonnée, aveuglée et à ma merci. Mais le Grand Moment n'était pas encore arrivé.