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Grand format
Inédit
Tout public
458 p. ; 22 x 13 cm
ISBN 978-2-84679-519-7
Coll. "Lettres d'ici et d'ailleurs"
La dictature a visage humain
L'Europe est en marche. Mais l'Europe ne peut pas avancer sans de véritables garde-fous. Elle a donc créé un service ultra-secret chargé d'analyser toutes les personnes qui pourraient porter atteinte aux intérêts vitaux du continent, que ce soit la richesse, ou des comportements déviants. Certes on pourrait penser aux terroristes, aux fichés S et l'on peut être sûr qu'un certain nombre de lecteurs se disent à ce moment qu'après tout si on dégommait ces gens avant qu'ils ne commettent leurs forfaits, ce ne serait que justice. Mais pour gérer un tel service, il faut une grosse machine, des chefs, des gens qui analysent et réfléchissent. Au bout d'un moment, les cibles pourraient commencer à manquer, mais il est si facile d'en trouver de nouvelles : un philosophe qui empêche de penser rond, un clown qui donne trop de joie, une influenceuse qui peut détourner les pensées des gens ou encore une chanteuse d'opéra fan de hard rock morbide qui offre de nouvelles sensations pour les oreilles. De toute façon, logiquement, au bout d'un moment, un groupe humain cherche principalement à s'auto-alimenter, à continuer sa mission, sans se préoccuper du sens exact de celle-ci. C'est ainsi que les plus belles idées humanistes deviennent des fardeaux administratifs. L'Agent Paul Krafft est un jeune homme de bonne famille qui a travaillé dur pour obtenir un bon poste dans l'administration liée aux statistiques. On vient lui proposer un poste encore plus intéressant dans un Think Tank européen. Il va devoir utiliser ses compétences chiffrées et ses études de sociologie pour aider à trouver les "déviants" qui pourraient saborder la grande idée européenne. Au départ, il est d'accord, puis il se rend compte qu'il y a des morts, dont des gens qu'il appréciait. Surtout, il vient de tomber amoureux d'une jeune femme, ce qui remet nombre de ses certitudes en cause. Pourra-t-il dès lors dérégler cette machine puissante, omnisciente et qui se trouve déjà dans les rouages de toute l'Europe ?
Max Milan nous propose avec Clowns un roman qui joue sur un complot mais qui n'est pas axé sur une enquête pour comprendre s'il y a véritablement complot et qui se cache derrière. Dès le départ, on nous présente des victimes potentielles que les amateurs auront sans doute reconnu - le premier est un philosophe atrabilaire qui doit beaucoup à l'image qu'il offre aux médias, par exemple. Ensuite, on entre dans le cœur de la machine, montrée comme une expérience scientifique et politique intéressante et intelligente, cynique, mais qui pourrait tellement s'appuyer sur des éléments réels. Servi par une écriture classique, précieuse même parfois, l'auteur évoque le complot, parle des gens qui pourraient en être victimes, ou par des fonctionnaires qui pratiquent cela comme une variable positive de leur action. Entre le cynisme noir de certains, les envolées romantiques des autres, des amours contrariées, le roman avance en décrivant une situation et les moyens de s'en sortir. Ce n'est absolument pas un thriller angoissant et sombre, mais fonctionne plutôt de manière bien amenée.
Citation
Tout de même, il a la faveur du peuple, le peuple compte sur lui le peuple a besoin de prophètes ; il doit être ce prophète-philosophe qui, sans craindre l'opprobre, affronte l'écrabouillante idéologie dominante, sous toutes ses figures et sous tous ses masques.