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Affaire Chevaline : révélations sur un crime parfait
Grand format
Inédit
Tout public
Une enquête pour rien
Tragique assassinat, la "Ttuerie de Chevaline" a occupé les Unes des journaux en 2012, pointant le projecteur sur un coin pourtant paisible de Haute-Savoie. Une famille anglo-irakienne, en vacances dans la région où elle aimait passer leurs étés, a été abattue dans sa voiture, seules leurs deux jeunes filles survivant au carnage. Rapidement, la presse française comme les tabloïds britanniques s'emparent de l'affaire, allant chercher les pistes les plus improbables : conflit familial, intervention des services secrets, règlement de comptes, tueur en série, crime politique... tout y passe au fur et à mesure que de fragiles indices apparaissent. À ce jour, les meurtres de la famille Al-Hilli restent encore inexpliqués, ce qui a permis au fil des ans à de multiples théories du complot de s'épanouir, jusqu'à la mise en chantier récente d'un documentaire télévisé doublé d'un récit qui débarque aujourd'hui.
Conforme en tous points à la vague des reportages putassiers et voyeuristes qui nous arrivent par tombereaux des États-Unis, Affaire Chevaline brasse à l'envi tous les clichés du true crime ce genre nauséabond qui fleurit sur les bas instincts du public. Exposant les "faits" avec une gourmandise sordide, les auteurs construisent leur récit comme ils monteraient une mayonnaise, ménageant suspense et effets de manche pour des "révélations" qui ne reposent que sur du vent. Témoignages de gens qui n'ont rien vu, vagues rumeurs érigées en pistes sérieuses, importance accordée à des faits dérisoires, tout est fait pour convaincre le lecteur qu'il assiste, en vrai détective, à la résolution d'un profond mystère, sauf que bien entendu, il n'en est rien, et qu'en bons camelots, ils se contentent de baratiner leur cible. Inutile d'espérer savoir enfin LA vérité à l'issue de cette lecture (mais pour être honnête, qui s'en soucie encore, à part des éditeurs âpres au gain), qui nous en dit finalement plus sur la manière de façonner l'opinion, de créer, par un storytelling aux recettes éprouvées, une histoire, ce qui est en définitive la seule chose qui reste. À l'image d'une enquête bâclée, entre fuites, précipitation, luttes d'influence et désir de se placer sous les projecteurs, cette non-enquête ne fait finalement qu'obscurcir un peu plus le tableau.
Citation
15 h 32, l'heure du crime.