Le Sang des innocents

D'une main, il essayait d'endiguer le geyser de sang qui sortait de son cou et de l'autre il tentait de tenir son agresseur à distance. Mais la pression artérielle au niveau de sa carotide était si forte que le sang giclait à plusieurs mètres, éclaboussant tout autour de lui, tandis que le meurtrier continuait de lui asséner des coups de couteau, impitoyablement.
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Roman - Noir

Le Sang des innocents

Social - Rural - Tuerie de masse MAJ jeudi 11 janvier 2024

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 23 €

S. A. Cosby
All the Sinners Bleed - 2023
Préface de David Joy
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Pierre Szczeciner
Paris : Sonatine, janvier 2024
456 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-38399-136-6

Coupable de naissance

Tout d'abord, il convient de noter que le titre anglais fait référence au sang des pécheurs alors que la traduction française semble avoir choisi le camp des innocents. Est-ce à dire que les deux sont conciliables ? Peut-on être à la fois pécheur et innocent ? C'est peut-être aussi la question que se posent les personnages du roman de S.A. Cosby. D'un côté, les descendants des "Blancs" qui continuent dans le Sud profond à vouloir célébrer les grands généraux sudistes, à manifester leur admiration en faisant des processions autour des statues de ces glorieux militaires. De l'autre, les descendants des Afro-Américains qui aimeraient que les choses évoluent, que les talents de chacun soient reconnus et surtout que le passé n'empoisonne pas le monde. C'est sans doute pour cette raison, qu'aux dernières élections de Charon County pour le poste de shérif, c'est Titus Crown, un ancien agent du FBI, enfant noir du pays, revenu y vivre, qui a été élu. Ceci afin que les choses changent. Toujours est-il que Titus Crown prend son travail à cœur. Même si avec la mort de sa mère qui n'est toujours pas digérée, le rôle ambigu de son frère qui est souvent aux marges de la légalité et aime se battre, un père qui a usé de la dive bouteille et une copine qui ne sait pas trop comment se positionner au sein de cette famille, il a fort à faire. En plus, il y a sans doute un de ses adjoints qui est corrompu, et il y a peut-être certains citoyens qui n'attendant que ses faux pas, y compris au sein du conseil municipal de la petite ville. Quand un jeune étudiant noir entame un crime de masse mais se "contente" de tuer un professeur très apprécié, en chuchotant avant de mourir sous les balles de la police des phrases ambigües sur celui qu'il vient d'abattre, les choses se compliquent. Si Titus Brown comprend assez vite que le professeur avait des choses horribles à se reprocher, il sent bien que son enquête pour faire éclater la vérité risque d'être complexe et que les coups vont venir de tous les côtés.

Le lecteur attentif et habitué de polars se doute depuis le début des pistes que va suivre l'enquête, mais l'ensemble est construit avec soin. Traité à hauteur d'homme, principalement du shérif (un être qui sera plus complexe que manichéen), le récit de S.A. Cosby développe toute l'atmosphère du Sud profond, avec ses rancœurs ancestrales, ses violences qui n'attendent que quelques secondes pour exploser et détruire et, par moments, ses solidarités, sa douceur de vivre. Les personnages sont décrits avec soin et présentent des failles qui les rendent humains, les sortant de la simple thèse sur le Sud profond ou le racisme systémique. L'aspect noir, qui se joue sur l'intrigue principale mais aussi sur les détails de la vie de chacun (une bagarre dans un bar, des vidéos obscènes, une difficulté à communiquer, une autre enquête, la corruption d'une personnage sympathique...) revient autour d'un élément-pivot qui joue son rôle de leitmotiv discret, celui d'une statue de général sur la place centrale de la ville pour créer une atmosphère dense et poisseuse, une sorte de regard qui fige tout le monde et que le policier-héros parviendra à exorciser avec un rire salvateur. S.A. Cosby confirme qu'il est un grand romancier.

Citation

Titus enfila son uniforme suivant un ordre bien déterminé qui l'apaisait. D'abord, le gilet pare-balles, qu'il ajusta à l'aide des bandes velcro, puis sa chemise. Il attrapa une cravate marron accrochée à côté de ses semblables à la porte du placard et, après avoir mis son pantalon et ses chaussures, il se dirigea vers la table de nuit pour récupérer sa ceinture tactique dans le tiroir.

Rédacteur: Laurent Greusard jeudi 14 décembre 2023
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