Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
338 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-07-300061-3
Coll. "La Noire"
Cuissot et cuisseau
Saint-Piejac. Une petite ville rural française comme toutes les autres avec ses commerces, ses rumeurs et rancœurs, ses colleurs d'affiche et ses ronds-points, et surtout ses chasseurs. Mais il y a également depuis peu Connor Digby, un écrivain britannique, spécialisé dans les histoires pour enfants (il écrit les aventures d'une fourmi, mais comme elle est noire, il commence à avoir des ennuis avec le wokisme), et qui s'offre une seconde vie en achetant et revendant des vieilles voitures de collection. Est-ce pour cette raison qu'il est en délicatesse avec un homme qui lui téléphone et le menace ? Est-ce par ce qu'il a quitté son pays après la mort de sa femme ? Elle était condamnée par la médecine et souffrait beaucoup, mais il a peut-être accéléré ses derniers jours. Toujours est-il qu'il vit à Saint-Piejac, vient de finir une nouvelle histoire de sa jolie fourmi, une histoire peut-être un peu trop cynique, et vient d'être accosté par une jeune femme, nymphomane de première, et qui ne pense qu'à coucher avec lui dans toutes les positions possibles et tous les lieux possibles. Or, il semble bien que cette femme a un mari, un homme jaloux et violent... Mais Saint-Piejac a un autre attrait. Cette petite ville est entourée de forêts et de prés, et le gibier pourrait y couler des jours paisibles. C'est bien entendu compliqué car il y a aussi des chasseurs. Et tous les chasseurs locaux ne rêvent que d'une chose : réussir à avoir à leur tableau de chasse Il Duce, un magnifique chevreuil qui les nargue depuis des années et qui revient comme un leitmotiv dans cette histoire.
Ces deux éléments, ainsi que plein d'autres (dont un narrateur qui semble est un employé municipal particulièrement observateur du monde comme il va ou ne va pas), ponctuent ce nouveau roman de Sébastien Gendron. Conçu comme une trilogie autour des animaux, ce qui explique peut-être que parfois l'on commence une intrigue et que l'on ne voit pas son déroulement aller jusqu'au bout, Chevreuil ouvre une intrigue autour de pistes presque lynchiennes, avec des affleurements sanglants et des abimes cachés sous le simple déroulé de la vie provinciale. Le lecteur sent qu'il y a de la violence potentielle (elle éclatera parfois), des magouilles en tout genre (dont on verra des fils, dont un couple de policiers qui arrondissent leurs fins de mois en enquêtant pour des particuliers), des personnages qui accrochent la lumière avant de disparaître. Attention, le premier volet reste cependant lisible car Sébastien Gendron sait raconter une histoire, maintenir l'attention et manier un humour discret autour de ses personnages. La sauce monte et le lecteur attend avec impatience que d'autres ingrédients viennent encore rehausser le goût.
(À suivre !)
Citation
Une salope. Habituellement, en bon seigneur de la route qui sait comment se faire respecter, ce genre de clientes il leur colle au train, les harcèle à grands coups de phares et d'avertisseur multicorne, et c'est vrai que trente tonnes de tôles bien poussées par un mec seul derrière son volant, ça fait vite sa petite impression.