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Qui après nous vivrez
Grand format
Inédit
Tout public
N'ayez les cœurs contre nous endurcis
Le XXIe siècle est déjà bien entamé. De multiples épidémies ont décimé le monde. Des catastrophes ont transformé la planète. Lorsque l'électricité vient à manquer, tout part à vau l'eau. Nous allons suivre les pérégrinations d'un couple et de leur bébé qui partent sur les routes et vont rencontrer des raisons de désespérer et des possibilités de renaissance. Nous allons également nous projeter dans le futur de ce futur. Quelques décennies plus tard, au siècle finissant, avec les descendants de ce couple qui essaient toujours de construire un avenir dans ce monde bouleversé. Nous allons également passer par les figures obligées du genre : une possibilité utopique (avec une petite communauté qui tente de survivre en pratiquant l'entraide, cernée par des individus plus violentes), une version dystopique (avec une organisation machiste et militarisée qui organise une société qui oscille entre les tendances féodales et des camps de travail pénibles pour les serfs) et d'autres options (la fuite d'une petit groupe qui aimerait vivre seul dans des ruines de maison, en vivotant autour de petits jardins cachés de tous, prêt à prendre les armes quand des gens s'approchent). Chacune de ces versions étant décrite avec soin et de manière extrêmement vivante.
Le roman d'Hervé Le Corre se construit de manière complexe, en revenant en arrière, en évoquant la "crise" depuis les débuts, lorsque les habitants des régions, coincés dans leurs immeubles, voient policiers et voyous s'affronter dans les rues, quand l'armée commence à occuper les quartiers pour conserver un semblant d'État, mais que les exactions des différents groupes, voire des forces de l'ordre, continuent à perturber. On sent les tentatives, forcément illusoires, de prolonger un système qui ne donne plus rien, et les personnages qui s'enfuient et essaient de traverser la Seine sont suivis avec soin et un rendu fort. En parallèle, donc, nous suivons les descendants tentant de survivre dans un monde de plus en plus dur, cerné par des hommes violents, par des animaux sauvages ou retournés à l'état sauvage, veillant à conserver les moyens précaires dont ils disposent, dans un monde de plus en plus en déliquescence mais où il faut continuer à survivre. Hervé Le Corre, par delà les éléments obligés de son récit, se concentre sur ses personnages, les décrit avec leurs forces et faiblesses, avec les difficultés matérielles qu'ils doivent affronter, avec leurs espoirs et les possibilités d'une vie moins rude (même si ce ne sera qu'un pis aller). Il offre ainsi sa variation, sensible et bien construite, décrivant avec un sens aiguisé du détail, les personnages et les situations, sans misérabilisme, ni pathos, comme une description très réaliste d'un futur plus que plausible et confirme, si besoin était, qu'il fait partie de nos auteurs qui comptent.
Citation
Léo se réveilla dans une confusion de bruits organiques : écoulements, régurgitations, chuintements. Il aurait pu se trouver, engourdi, dans la tiédeur flasque et détrempée d'un être en train de le digérer. Il se rappela cette histoire de navigateur avalé par une baleine puis recraché par la volonté d'un dieu. Il ne savait plus qui la lui avait racontée.