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L'Homme sans sommeil
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'italien par Anna Durand
Wasquehal : Méra, janvier 2024
380 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-9571694-9-8
Comment se protéger du Mal ?
Nous sommes à Salerne en Italie. Plus exactement dans un orphelinat. Là vit Bruno, treize ans, abandonné par sa mère et en proie aux violences du curé responsable du lieu et de ses "camarades". Mais la vie de Bruno va basculer. Tout d'abord, Nino, un nouveau pensionnaire, va prendre sa défense. Enfin, les deux garçons sont embauchés pour l'été chez les Aloia, afin d'aider un couple qui maintient en l'état la grande demeure familiale d'un professeur en neurosciences qui donne des cours aux États-Unis. Arrivé sur place, Bruno est vite surpris car de nombreuses statues se trouvent dans le jardin, toutes tournées vers la maison. Et puis il croise Caterina, une petite fille mystérieuse qui se cache dans la grande maison et que seul Bruno semble voir. Mais rien ne choque le savant lorsqu'il revient pour l'été, un savant qui dit que Caterina est sa sœur jumelle... Bruno et Nino surprennent également l'homme à tout faire Gennaro alors qu'il creuse dans le jardin... Et puis chaque nuit, Bruno fait des rêves qui lui semblent plutôt réalistes, mais qui le laissent épuisé. Un jour, ce sont des cadavres que la police déterre, des cadavres vieux de plusieurs années. Pendant ce temps, Caterina réclame à Bruno une petite statuette qu'elle a perdue, une statuette qui ressemble beaucoup à celles que les grandes statues du parc portent. Bruno ne sait plus trop ce qui est vrai et faux. Et c'est sans compter la bibliothèque de la demeure avec ses livres sacrés aux images effrayantes...
Le récit d'Antonio Lanzetta est volontairement confus, jouant avec les périodes historiques - l'installation de la famille au début du siècle, l'immédiat après-guerre avec les orphelins et les années récentes où Bruno devenu psychiatre doit essayer de démêler les fils du passé. Il restera au final au lecteur à imaginer des solutions possibles, des hypothèses crédibles. Le roman s'installe dans la tradition gothique des ouvrage comme ceux de Henry James, où il y a des fantômes aux visées peu claires mais qui semblent effrayantes, des personnages réels qui poursuivent des choses aussi horribles, un tueur en série qui sévit depuis des années dans la région sans même que l'on soupçonne sa présence. Malgré le soleil du sud de l'Italie et la chaleur étouffante, tout est raconté avec soin dans une sorte de brouillard qui masque les détails (est-ce que Nino existe réellement, par exemple) pour nous montrer un univers dont on ne saisit pas totalement les codes mais qui acquiert, par le talent de l'auteur, une présence réelle. Peut-être plus fantastique que polar, L'Homme sans sommeil est une bonne variation sur la maison hantée, sur les remords du passé, sur les traces intemporels des crimes.
Citation
La fillette ne pouvait pas voir les griffes de la nuit gratter à la vitre, et c'était très bien ainsi. Elle ne les verrait pas tant qu'il serait là pour la protéger. Tant qu'il serait en vie. Il se leva avec précaution, tandis qu'une sensation désagréable, une pression à la base de son estomac, lui coupa le souffle, l'entraînant vers la fenêtre.