La Souris qui voulait sauver l'ogre

C'est le Canard Enchaîné qui révèle l'affaire, le 6 mai 1981, dans un article intitulé "Papon aide de camps". Le titre, en forme de calembour, est bien dans l'esprit du journal satirique. Le contenu de l'article, en revanche, est beaucoup moins drôle.
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Roman - Policier

La Souris qui voulait sauver l'ogre

Psychologique - Social - Huis-clos MAJ mardi 09 janvier 2024

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,9 €

Françoise Guérin
Paris : Eyrolles, janvier 2024
518 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-416-01309-6
Coll. "Aparté"

Autopsie d'un cas psychologique

Maya Van Hoorenbeck est une jeune femme qui a vécu de bien terribles aventures. Notamment, sa sœur jumelle s'est suicidée et ses parents qui étaient déjà des gens assez étranges ont voulu rompre tous les ponts avec elle. Depuis, elle est devenue psychologue, s'est spécialisée dans l'aide aux personnes tentées par le suicide. Avec son ami québécois Sidney, elle a fondé l'association Cornelia. Cette dernière a une mission de service public et intervient sur les lieux où les suicides pourraient devenir préoccupants. Même si Sidney a été blessé, elle accepte d'aller en mission en solo à Sète. Une ambiance difficile puisque c'est sa région natale et que le lieu où il faudra travailler est son ancien lycée. Accompagnée de son doberman Mrs Robinson, elle doit donc se rendre au Lycée de la Rédemption. Là vient de se dérouler un troisième (peut-être quatrième) suicide en très peu de temps. La dernière personne morte, Pauline, est une jeune fille des quartiers difficiles, très forte scolairement et qui avait été sélectionnée pour entrer dans ce lycée privé d'élite. Dès son arrivée, Maya Van Hoorenbeck découvre que les instances supérieures du lieu ne l'acceptent pas et sont bien obligées de composer avec un ordre ministériel. Mais l'administration ne veut pas entendre parler de suicide, car ce serait faire une tache sur leur établissement. Cependant, Mrs Robinson lui ouvre des "cœurs" et des sympathies, et Maya Van Hoorenbeck parvient à obtenir des renseignements sur l'ambiance délétère de l'établissement, qui fait tout pour écraser les individualités et créer des gagnants prêt à tout pour réussir les concours. Parmi les têtes pensantes de ce lycée, une directrice rude, un prêtre aux anciennes manières et un professeur de philosophie qui développe des théories réactionnaires et fascistes durant ses cours. Maya Van Hoorenbeck pousse alors les investigations. Comprenant son désarroi, Sidney, malgré sa convalescence viendra l'aider.

Durant une grande partie de l'histoire, on pense qu'il y a peut-être autre chose qu'un suicide devant les réactions des uns et des autres. Les enquêtes permettent de dresser un constat accablant autour de l'établissement, mais aussi de montrer comment les bizutages et les luttes de classe peuvent miner le moral des plus faibles ou des plus altruistes. Par petites touches se dessine le portrait d'une jeune femme avide de la vie, enthousiaste, mais qui perd pied face à la méchanceté du monde. En creux, le portrait des autres, vicieux, méchants, bêtes ou suiveurs de la meute, est extrêmement vivant. Reste que l'enquête est juste un prétexte pour soutenir un texte beaucoup plus axé sur la littérature générale (ce n'est pas un problème mais cela pourrait décontenancer les amateurs de polars) que sur l'intrigue policière qui pourrait s'en dégager. Pour ceux qui connaissent déjà les écrits et la profession de Françoise Guérin, et qui recherchent dans la littérature surtout une étude psychologique longue, lente et profonde.

Citation

Ta gorge se serre. À tout prendre, tu aurais préféré une junkie, une adolescente sous substances avec une conscience altérée de ses actes. Quelqu'un qui ne se serait pas vu mourir. Rien de tout cela, Pauline était probablement lucide au moment où elle s'est jetée dans le vide.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 09 janvier 2024
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