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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'espagnol par Sébastien Rutés
Paris : Gallimard, janvier 2024
324 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-07-302860-0
Coll. "Série noire"
Rural noir espagnol
Le policier municipal Toni Trinidad officie dans le petit village castillan d'Ascuas dans la campagne de Guadalajara. Un métier tranquille sauf que son poste est menacé de ne pas être reconduit par la municipalité. Alors quand son ami Triste est retrouvé pendu dans son jardin, Toni Trinidad entend montrer qu'il enquête. C'est ainsi qu'il remet en doute le suicide de son ami. Mais ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il a raison. Derrière ce suicide déguisé, il y a Valdenegro, un promoteur véreux qui voulait racheter les terrains de Triste pour construire un complexe de golf. Mais les ennuis de Toni Trinidad vont également se multiplier. Il y a d'abord Vega, sa sœur, qui vit et travaille dans une casse, alcoolique impénitente, et qui entend faire main basse sur une somme d'argent de l'Apiculteur, un trafiquant de drogues qui conserve les doigts de ses ennemis dans un bocal et qui a fait revenir les frères McEnroe et leurs battes de base-ball, et Vito et son fusil à canon scié Sara Montiel. Il y a aussi Rocha, un flic de la brigade anti-drogue qui a fait de l'arrestation de l'Apiculteur une affaire personnelle et qui n'hésitera pas à sacrifier son indic Trejo, et Vega et Toni. Il y a enfin Sadi Pineda, un tueur à gages colombien embauché pour assassiner Toni par le promoteur. À mesure que le sort s'acharne sur lui, Toni Trinidad se retrouve de plus en plus amoché. Surtout, pour ce flic qui n'aime pas les armes à feu, le pire est peut-être à chercher du côté de son hémophobie. Une hémophobie qui trouve racine bien des années auparavant, alors que lui et Vega étaient pensionnaires de la Maison Jaune, un orphelinat aux mains du surveillant-chef Avellano et de sa baguette magique. Car sous ses couverts de personnage débonnaire, qui poursuit une psychothérapie chez son ami le professeur Barrios, il y a un homme dur qui n'aime pas que l'on s'en prenne à sa sœur. Et sa sœur, justement est quelque part paumée entre la vie et la mort.
La Sagesse de l'idiot est un roman choral à la chronologie déstructurée. Quatre-vingt-dix chapitres pour un peu plus de trois cents pages. Autant dire que l'histoire fonce à cent à l'heure dans une campagne espagnole qui n'a rien à envier au Sud américain décrit par Harry Crews. Marto Pariente s'en donne d'ailleurs à cœur joie à travers une intrigue classique, complexe en apparence, qui tire pour partie son origine dans l'enfance d'un couple frère-sœur dans un orphelinat où un drame à accouché d'un autre selon le principe des dominos. Mais l'auteur espagnol sait créer une atmosphère, amener au premier plan des protagonistes hauts en couleurs. Son autre couple, les frères McEnroe, psychopathes amateurs des battes de base-ball et de Mecano sont affriolants. L'Apiculteur est lui aussi un psychopathe de première. Mais là où le terrain est glissant, c'est que tous ces méchants vont tomber sur plus méchant qu'eux : un psychopathe qui tombe dans les pommes dès qu'il voit une goutte de sang. Et dans ce roman, du sang, Tino Trinidad va en voir. Un récit truculent qui n'est pas sans rappeler la Beauce de Jean Vautrin dans Canicule.
Citation
Quelle que soit la raison de son appel, c'est toujours important. Vega n'est pas très stable, pour le dire comme ça. Disons les choses, elle ne tourne pas rond. Rien de plus normal s'agissant de ma sœur, après tout... c'est une question de gènes, quand on a les gènes de travers, pas moyen de les remettre d'aplomb.