Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Préface de Catherine Fruchon-Toussaint
Traduit de l'anglais par Pierre Ménard
Paris : Le Masque, janvier 2024
566 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7024-5177-9
Coll. "Le Tour du monde en polars", 1
Se croiser aux croisements
Au départ, Mary Jago, une jeune femme, décide de donner une partie de sa moelle osseuse pour sauver quelqu'un. Ce quelqu'un c'est Leo. Mais Alistair, son compagnon, le prend mal et la brutalise. Mary décide alors de le quitter. Comme elle n'est pas trop riche, sur les conseils de sa grand-mère, elle accepte de garder la maison d'un couple qui part en vacances. Cela va lui permettre de rencontrer Bean, un ancien domestique, devenu promeneur de chiens et maître chanteur à ses heures. Dans le coin, il y a également, un ancien responsable de maisons d'éditon qui n'a pas supporté la mort accidentelle de sa femme et de ses deux enfants, et qui vit comme SDF. Il y a aussi le frère du dit Léo, un certain Carl, dealer qui essaie de trouver de l'argent pour aider son frère et a engagé Hob, un toxicomane particulièrement violent, pour s'occuper des mauvais payeurs. Et puis, il y a un tueur en série qui attrape les clochards, les poignarde à mort puis empale les corps sur les grilles des parcs afin de leur faire peur. La police tente bien de l'arrêter mais les pistes sont nombreuses et c'est chose compliquée. Mary Jago verra tout cela alors qu'elle commence à éprouver des tendres sentiments pour Leo.
Ruth Rendell, disparue en 2015, a une imposante bibliographie, dont une série consacrée à l'inspecteur Wexford, et elle est sans doute connue du grand public par l'adaptation qu'a fait Claude Chabrol d'un de ses romans sous le titre La Cérémonie. Fine observatrice, entomologiste du quotidien, Ruth Rendell nous offre avec ce roman un grand moment. À travers les destins croisés (chaque personnage croisera à un moment un des autres dans les rues) de différents personnages, avec quelques rebondissements intelligemment amenés, s'appuyant sur un sens du détail crédible parfaitement aiguisé, Regent's park s'avère être une mécanique parfaitement huilée, construite avec force, ronronnant comme un moteur de Rolls Royce. Cette réédition dans la nouvelle collection "Le Tour du monde en polars" est sans doute l'occasion de ramener au devant de l'actualité et du souvenir (et trouver peut-être de nouveaux lecteurs) une des grandes Reines du crime psychologique.
Citation
Les barreaux qui la composaient étaient surmontés de pointes de fer : il y en avait exactement dix-huit sur chacun des battants. S'il avait été en forme - terme qu'il employait pour définir les moments où il n'avait pas sa crise -, il aurait escaladé la grille en moins de deux, sans le moindre effort.