Contenu
Une invitée particulière
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Karine Forestier
Montesson : City, janvier 2024
428 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-8246-2316-0
Coll. "Thriller"
Manipulation éhontée
Riche famille bourgeoise de Los Angeles, les Merritt – Matt, Natalie et leur deuxième fille Paige et son frère Will – ont du mal à se remettre de la mort tragique de leur fille Anabel. C'est alors qu'un programme d'échange leur envoie Tanya Blackstone, une jeune britannique qui devra résider chez eux. Sauf que la nouvelle venue déplaît d'office à Paige qui voudrait bien s'en débarrasser. Surtout que Tanya semble s'ingénier à prendre la place d'Anabel aux yeux de ses parents... Fouillant un peu, Paige découvre qu'il n'y a nulle part la moindre trace informatique de l'existence de la jeune femme. Enfin, celle-ci intrigue pour piquer à Paige son ami... Mais il semblerait qu'elle ne compte pas s'arrêter là. Qui est-elle vraiment ?
On l'a déjà dit, le genre se porte bien mal en Anglo-Saxonie (et encore, on n'en voit que ce qui est traduit, donc avec un certain tri préalable), et ce n'est pas ce roman d'une auteure de romance qui va infléchir la courbe. Le tout évoque plutôt une de ces mini-séries télévisées interminables ou un de ces "thrillers hitchcockiens" des années 1990 où on se souciait plus de bling-bling que de cohésion, avec un style et une ambiance évoquant plutôt le "Jeune adulte" (mais l'éditeur d'origine, Bookouture, est réputé pour demander à ses auteurs de ne pas faire de littérature prise de tête au-delà de verbe-sujet-complément, d'où une certaine uniformité – inutile de s'en prendre à la traduction qui améliorerait plutôt le style, ou absence d'icelui). On est donc plongés chez les CSP+ qui peuplent ce genre de roman, où tout se passe entre le cours de Pilates et le salon de coiffure tout en détaillant amoureusement les fringues de marque qui sont le Saint Graal de ces braves gens. Le personnage de la mère au foyer se définit elle-même comme "traditionnelle", ce qui ne l'empêche pas d'adorer faire des crises théâtrales comme une ado capricieuse. Une mère qui ressemble aussi aux écervelées qui peuplent désormais ce genre de roman comme dans les Had-I-but-known d'un autre temps, qui se laisse immédiatement ferrer par les manigances transparentes de la jeune femme, semble se fiche de ses enfants, ne voit rien de ce qui se passe sous ses yeux et au final s'en remet à son fils de douze ans pour tout arranger... Quant à l'ado, elle décide subitement de détester quelqu'un qu'elle ne connaît pas au point d'avoir des envies de violence et de meurtre et, plus tard, la faire faussement accuser de vol est jugé comme tout à fait normal. Dans un tel contexte, on se demande juste à quel moment le toutou de la maison servira de Victime ExpiatoireTM et quand il sera révélé que le mari trompe sa femme comme tous ces gens-là (politiquement correct oblige, celle avec qui l'adultère est consommé n'étant bien sûr responsable de rien). Pour rallonger la sauce, les personnages ne cessent d'avoir des revirements jusqu'à la "surprise finale" que quiconque connaît un peu le genre aura vu venir depuis longtemps. Et en plus, on rajoute un coda inutile qui contredit également la logique d'un personnage et rend caduc tout ce qui l'a précédé. "Le thriller phénomène"...
Citation
Pendant une fraction de seconde, j'avais cru revoir ma sœur. Comme si elle était revenue d'entre les morts. Sans doute à cause de ses longs cheveux blonds et de son corps mince. Même si ce n'était qu'une ressemblance superficielle, j'étais plus que jamais convaincue que ma mère, qui ne se remettait pas de sa disparition, avait cherché en Tanya sa remplaçante. La rebelle, l'impertinente aux cheveux crépus que j'étais n'arrivait pas à la cheville de la belle élancée aux cheveux clairs qu'elle avait tant adulée. Et pleurée au point d'en faire une dépression.