Contenu
Poche
Inédit
Tout public
296 p. ; 18 x 12 cm
ISBN 979-10-7006-329-3
Coll. "Du noir au Sud"
Payer l'addition
Thomas a vécu. Il a bien usé des alcools et de la musique écoutée à fond. Il a un ami fidèle, que l'on surnomme le Cube, une force de la nature, le cœur sur la main, qui est tombé amoureux d'une amie commune. Même si la dèche n'est jamais loin, il a hérité d'un père qu'il ne connaissait pas un lieu un peu décati qu'il a, avec des connaissances, réhabilité sommairement pour en faire un bar alternatif où se déroulent des concerts punk et rock, le plus souvent en bordure des lois. Mais, un soir, un incendie criminel ravage le local. Qui peut bien être derrière ce coup fourré ? Thomas hésite. Au même moment, son ex-compagne, dont il est toujours amoureux de loin, est retrouvée morte d'une overdose. Il veut lui rendre un dernier hommage mais les frères de son ex ne l'entendent pas de cette oreille car ils ne l'aiment pas, pensant que sa descente dans les bas-fonds et sa toxicomanie sont dues justement à lui. Thomas avait cependant promis à Mona de protéger sa fille, Rose. Mais cette dernière le déteste également, pensant qu'il y est pour quelque chose dans la mort de sa mère et pour d'autres raisons, plus obscures. En parallèle, Thomas doit aussi veiller de temps en temps sur sa mère en maison de retraite, perdant la mémoire, mais dont quelques brides de souvenirs laissent notre personnage rêver à la vie espagnole de la famille. Quand le Cube se fait absent et que Thomas découvre que Rose semble elle aussi se laisser aller aux plaisirs artificiels, suite à une histoire glauque avec des garçons, Thomas secoue ses puces et décide qu'il est temps de renverser la vapeur et de reprendre les rênes de son destin, de faire payer l'addition à qui de droit - et comme le diraient ses ancêtres la cuenta...
Écrivain passionné de rugby, de culture ancrée dans le Sud-Ouest (y compris le réseau punk de Bordeaux qui sert aussi à rythmer l'histoire à grandes envolées de The Clash ou de Camera Silens), Frédéric Villar présente ici un héros marginal, un peu paumé, refusant les cases trop faciles et porté par son amour pour une femme qui l'a rejeté. Servi par une écriture punchy, par un sens de la vibration et de la nervosité, La Cuenta, tout en ménageant quelques plages plus apaisées (la mère malade, l'ami rude mais au grand cœur) se déroule comme un des hymnes punk, rapides, vivaces, fonçant dans l'énergie brute, qui ponctuent l'intrigue. À contre-jour, apparait un portrait finement dressé d'un homme qui essaie de rester droit dans ses graules dans un monde de plus en plus tordu, avec cette politesse du désespoir qui caractérise les grands romantiques.
Citation
Dès mon arrivée au crématorium, j'ai su que je n'étais pas le bienvenu. Quand je suis entré sur le parking, des regards mauvais ont convergé vers ma Clio de location. Le temps de passer la veste sombre que j'avais pris soin de coucher sur la banquette arrière pour ne pas la froisser, ils étaient déjà trois à me faire barrage.