Contenu
Six versions. 4, Le Vampire d'Ergath
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Antoine Chainas
Paris : Les Arènes, février 2024
338 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 979-10-375-1095-2
Coll. "Equinox"
Les lecteurs sont aussi mordus
En préambule, faisons un petit rappel pour ceux qui seraient passés à côté des trois premiers volets de cette série (dont chaque épisode peut se lire indépendamment). Le narrateur est un journaliste radio, élaborant des podcasts qui vont revenir sur un fait divers qui peut apparaître comme lié au surnaturel. Les six émissions permettent de présenter les faits et les témoins, chacun pouvant contredire les précédents, afin de donner in fine au lecteur le soin de définir ce qu'il pense avoir été la vérité, même si une solution satisfaisante et rationnelle est posée. Dans ce volet, au départ, il ya dans une petite ville en crise et une tour en ruine dans laquelle aurait vécu un vampire. Ce vampire aurait été tué par la population locale mais paradoxalement serait quand même encore actif. En tout cas, quelqu'un s'est servi de cette légende pour promouvoir un jeu : quiconque le veut doit accepter une série de missions qui, une fois remplies, le rapproche de la mort, tué par le vampire s'il échoue. Et c'est une jeune femme, qui s'est fait une réputation d'influenceuse qui a décidé de relever le défi. Cependant, à la fin, elle sera découverte morte de froid enfermée dans la tour, décapitée et la tête posée sur ses genoux. Trois suspects seront condamnés mais étaient-ils vraiment les coupables ? Et, question secondaire, l'influenceuse était-elle une oie aussi blanche que les rumeurs le disaient ?
Comme dans les trois volumes déjà parus, il faut accepter cette histoire qui avance de manière cyclique, comme une roue, revenant régulièrement sur les mêmes éléments, parfois en leur donnant un sens différent. Ici, Matt Wesolowski semble aussi s'amuser avec cette "nouvelle mode" des influenceurs, nouvelle version sans doute du populisme ambiant, où des individus quelconques s'auto-désignent comme gourous du bon goût et vivent grassement (parfois) du vide qu'ils colportent. L'élément surnaturel intervient aussi en arrière-plan avec une imagerie gothique très claire : une ruine, en altitude, au bord de la mer, peuplée de forces démoniaques et entourée de populations apeurées. Le talent de l'auteur (et la traduction bien sûr d'Antoine Chainas) appuyé par un gimmick précis rendent la lecture rapide et sans temps morts associé à la variété des personnages qui prennent la parole, pour raconter leur version de l'intrigue. Ce quatrième volet ne démérite pas et pour l'instant continue et accentue les promesses des précédents.
Citation
La jeune femme m'a dit que les vampires s'adaptaient à leur époque ; et je crois qu'elle a raison. Elle ne m'a pas donné son portable, et je ne m'en suis pas emparé. Ai-je malgré moi joué un rôle dans toute cette intrigue ?