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Inédit
Tout public
Traduit de l'italien par Florence Rigollet
Paris : Agullo, avril 2024
390 p. ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-38246-115-0
Coll. "Agullo Noir"
Désespoir urbain
Parme est une petite ville italienne qui pourrait penser qu'elle va vivre calmement, surtout avec ce manteau neigeux qui la recouvre et assourdit tout. C'est dans cette ville que travaille le commissaire Soneri, un homme qui a encore des illusions sur le monde, même s'il les perd au fil des épisodes, et qui entretient une liaison heureuse avec une femme qu'il aime et avec qui il passe e temps en temps des journées. Et c'est justement cette compagne qui lui demande un service. Une de ses amies est embêtée car régulièrement le calme de ses nuits est perturbé avec des sonneries intempestives provenant des terrains vagues à proximité. Alors Soneri se rend sur place, rencontre des promeneurs de chiens et, finalement, découvre un téléphone portable abandonné. C'est ce téléphone qui est appelé de temps en temps, provoquant les bruits. Le commissaire essaie d'en savoir plus mais personne n'a prévenu d'un vol ou d'une perte. En même temps, le commissaire est appelé à la rescousse par une maison de retraite car un des pensionnaires a disparu, mais son corps est retrouvé en fouillant le bâtiment. Le vieil homme est semble-t-il tombé et est mort de froid. Enfin, des scandales commencent à perturber la vie des Parmesans. Des conseillers municipaux seraient impliqués et le maire, plutôt que de s'en inquiéter est parti aux sports d'hiver avec des adolescents des "quartiers sensibles", et surtout a disparu. Mais c'est bien son histoire de chiens et de promeneurs sur les plages qui lui pose des questions. Il y a quelque chose de louche derrière ces chiens qui se baladent et Soneri met à jour des cadavres d'animaux éventrés. Toutes ces histoires seraient-elles mêlées ?
À travers le schéma classique de différentes petites enquêtes de diverses petites affaires, qui se croisent et se recoupent parfois, se dresse ainsi le portrait d'une ville, d'une emprise et du désespoir grandissant d'un policier qui comprend que derrière la tranquillité affichée des affaires dangereuses, la prise en main par des forces qui entendent soumettre la société à leur coupe réglée se développe sans qu'il soit possible de vraiment l'en empêcher. La Stratégie du lézard fait référence aux capacités de cet animal de se débarrasser, en les coupant ou en les laissant se perdre, des parties non essentielles de son corps afin de préserver le corps entier qui se régénérera bien avec le temps. Roman profondément noir, dans la mesure où il est désespéré, où l'on voit bien que les chiens, les vieux, les immigrés sont les victimes d'une société qui broie et développe les pires "tares" capitalistes, le roman de Valerio Varesi, avec un sens aiguisé d'un humour léger, qui est la politesse du malheur, est une réussite intelligente.
Citation
Elle lui disait qu'il n'avait pas le sens du temps. Dans ces cas-là, il rétorquait que ce n'était pas lui l'inadapté, plutôt le monde qui allait de plus en plus mal, gâché et déprimant, insupportablement indifférent.